Chaque semaine, la chroniqueuse et journaliste Karine Gagnon vous convie à une grande entrevue avec une personnalité marquante de la Capitale-Nationale.
Auteure prolifique – elle a publié plus d’une centaine de romans et a reçu de nombreux prix littéraires –, Martine Latulippe fait partie du club sélect des écrivains québécois qui parviennent à vivre de leur plume.
Lorsqu’elle entre dans une librairie, endroit où elle se rend fréquemment puisqu’elle adore lire, Martine Latulippe se surprend de voir à quel point il y a du choix. Elle réalise aussi sa chance de voir ses livres circuler autant, que ce soit au Québec, au Canada, mais aussi dans plusieurs pays dans le monde.
«C’est vrai que je me considère assez chanceuse de pouvoir avoir l’écriture comme métier à temps plein. Chaque jour, je me dis: “c’est incroyable, mon métier, c’est de raconter des histoires”, lance celle qui publie trois livres par année, en plus de présenter des conférences dans les écoles. Il y a pire que ça dans la vie.»
Photo Stevens LeBlanc
Il faut dire que c’est aussi une question de talent. L’auteure a reçu de nombreux prix et distinctions au fil des années, tant pour ses nombreux romans jeunesse que ses nouvelles pour adultes.
Recevoir des prix littéraires, «ce sont de belles tapes sur l’épaule», considère l’auteure, d’autant plus quand ce sont des jeunes lecteurs qui votent.
Des rencontres inspirantes
Martine Latulippe a grandi dans le quartier Les Saules, à Québec, et a effectué tout son parcours scolaire dans la région.
Petite, elle était plutôt timide, et elle lisait déjà beaucoup. Elle avait déjà l’habitude de se réserver des moments seule dans sa chambre où elle pouvait écrire en toute quiétude. Avec des amies, elle accomplissait aussi des projets d’écriture.
À l’Université Laval, elle a fait une maîtrise en littérature comparée, et a publié son premier roman à l’âge de 24 ans.
Sa première source d’inspiration s’est toujours retrouvée à travers ce qu’elle vit: des rencontres, des discussions, des observations. Elle écrit d’ailleurs par coups de cœur, et n’est pas le genre d’auteure qui s’oblige à écrire à heures fixes.
Photo Stevens LeBlanc
L’été, c’est le moment où cette auteure est le plus inspirée, en termes d’idées, mais où elle s’accorde aussi une pause d’écriture pour mieux reprendre à la rentrée. Elle prend des notes, au fil de son inspiration et des voyages qu’elle effectue.
«Chaque personne et toutes les vies ont leur histoire, dit-elle. On n’a pas besoin de vivre de grandes choses phénoménales (…) C’est de réussir, je pense, à voir la beauté, le mystère, la petite histoire derrière chaque chose.»
Il suffit d’avoir la curiosité, l’ouverture, et d’avoir envie de se mettre dans les souliers de l’autre, énumère-t-elle. «Il faut arriver à se renouveler et à être à l’aise dans différents univers.»
À la rencontre des jeunes
Depuis une vingtaine d’années, Martine Latulippe habite la Côte-de-Beaupré. Elle n’a jamais eu l’intention de quitter la région, et ce même si, les premières années, cela impliquait beaucoup d’envois par messagerie à Montréal, où se trouvent plusieurs maisons d’édition. Aujourd’hui, explique-t-elle, ça ne change plus grand-chose de ne pas être établi dans la métropole.
Puis, entre deux séances d’écriture au printemps et à l’automne, l’auteure sillonne le Québec, et même quelques provinces au Canada, pour rencontrer les jeunes dans les écoles. «C’est inspirant et ça me donne plein d’idées», lance-t-elle.
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Le défi, pour un auteur jeunesse, consiste après tout à continuer à les rejoindre malgré le temps qui passe. «C’est un défi constant de rester actuelle, et encore là, je pense que les visites dans les écoles m’aident (…) Je vois ce qui les intéresse et les fait réagir.»
Souvent, après les conférences, les jeunes viennent aussi échanger avec elle et alimentent son inspiration. Il y a aussi plein de moments magiques, comme celui où un jeune de secondaire deux lui a demandé si elle avait toujours su ce qu’elle voulait faire, et s’est confié par rapport à ses aspirations.
«Le professeur est venu me voir pour me dire que ce jeune n’avait pas encore parlé de l’année et m’a demandé comment j’avais fait.»
Projets à venir
Martine Latulippe vient de publier Liam et le dragon de Lucerne, second tome de la série Dragons du monde. Elle travaille actuellement sur un projet de roman pour la Collection noire de la Courte échelle, avec François Gravel.
Puis elle a travaillé sur une publication qui lui tient vraiment à cœur, celle d’un récit poétique qu’elle a coécrit avec son aînée, Mélina Proulx, à paraître au printemps chez Dominique et cie. L’ouvrage s’intitule Les promesses vides.
L’auteure a sélectionné l’un des poèmes que Mélina publie sur sa page Instagram. Elle lui a envoyé son histoire, qui lui a plu. Après l’avoir retravaillée, le duo l’a soumise à un éditeur. Le tout devrait paraître juste à temps pour le Salon du livre de Québec, au printemps.
«C’est moi qui ai eu l’idée, explique-t-elle. Mélina écrit des poèmes depuis plusieurs années, et j’aime beaucoup ses textes. J’ai eu envie d’inventer une histoire autour de ses poèmes, de créer un personnage fictif qui écrit des poèmes», raconte la mère de deux enfants, visiblement très fière de voir que l’un d’eux suit ses traces.
À ne pas manquer, mercredi soir à 20h30, sur les ondes de MAtv (chaîne 9 [Hélix et illico], 609HD [Illico]), l’émission Le Carnet de Karine à propos de Martine Latulippe.
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