La récente révélation de l’homosexualité de Brenda Biya, fille du président camerounais, Paul Biya, a suscité de vives réactions dans son pays où l’homophobie reste profondément ancrée. Dans un acte de défiance vis-à-vis de son pays natal, qui réprime pénalement l’homosexualité, elle a publié, le 30 juin, dernier jour du mois des fiertés, une photo d’elle et de sa compagne, une mannequin brésilienne, en train de s’embrasser, enveloppées dans la traîne flamboyante de leurs manteaux de fourrure.
« Je suis folle de toi et je veux que le monde le sache », légendait la jeune fille de 26 ans, qui vit à Genève. Depuis, Brenda Biya fait face à une plainte auprès du procureur de Yaoundé pour « incitation à la pratique de l’homosexualité ». Au Cameroun, les rapports sexuels entre personnes du même sexe sont illégaux et passibles de peines allant de six mois à cinq ans d’emprisonnement.
L’ONG Human Rights Watch avait dénoncé, en 2022, les « violences et abus » dont sont régulièrement victimes les personnes LGBT+ dans ce pays d’Afrique centrale. « La photo est restée (…) sur mon Instagram pendant plusieurs heures (…). Elle a été likée, repostée (…) par beaucoup de blogs, ne serait-ce qu’en Afrique, en Europe (…) et ça a un peu tourné au vinaigre à partir de là », a-t-elle commenté dans une vidéo récente sur TikTok.
« La tournure médiatique n’est pas forcément mauvaise sur tous les points parce que, même s’il y a des gens qui critiquent, il y a des gens en Europe qui saluent le pas et qui voient ça comme peut-être un effort de faire un changement dans la loi du Cameroun », poursuit-elle face caméra. « J’ai reçu beaucoup de commentaires négatifs (…), des insultes, j’ai aussi reçu beaucoup de soutien de communautés LGBT+ et d’organisations ou de gens qui ne se sentaient pas représentés au Cameroun », a-t-elle ajouté.
Amertume
Au palais présidentiel, il n’y a eu aucune réaction de son père, 91 ans, au pouvoir depuis bientôt quarante-cinq ans. Pour Alice Nkom, avocate camerounaise spécialisée dans la défense des personnes LGBT+, Brenda Biya « a pris le risque d’affronter son père et son président, et a brisé les chaînes de tout ça ». « C’est une question de “droits de l’homme”, donc tout le monde doit être autour de Brenda pour amplifier son message », ajoute Mme Nkom.
Depuis, la photo de Brenda Biya a été supprimée sur son Instagram et la jeune femme a fait part de son amertume. D’autres images du couple, aujourd’hui séparé et qu’elle formait avec son amie mannequin, des clichés à caractère sexuel, ont en effet fuité sans son consentement sur son compte Instagram. Sur TikTok, Brenda Biya a accusé son ancienne amoureuse de dévoiler leurs « photos intimes en ligne pour attirer l’attention des followers et peut-être même [soutirer] de l’argent ».
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