Le directeur général de la Direction générale des impôts de la RDC, Barnabé Muakadi Muamba, ne dissimule pas le manque à gagner enregistré dans les zones occupées par les rebelles de l’AFC-M23.
« Actuellement, c’est un peu difficile », admet-il. « Nous vivons sans les recettes de l’Est. La zone est occupée par les rebelles, il n’y a pas moyen de recouvrer, il n’y a pas moyen de travailler correctement. Il est vrai que ce que nous réalisons aujourd’hui, je le trouve insuffisant. Il est vrai que notre pays est en guerre, mais il est aussi vrai que nous prenons conscience de cela. »
Plusieurs raisons au manque à gagner
Selon un rapport publié par l’Inspection générale des finances, en raison de l’occupation des villes de Goma et de Bukavu, l’Etat congolais perd désormais 9% de ses recettes douanières et 3% de celles mobilisées en temps normal par la Direction générale des impôts.
Le manque à gagner fiscal est aussi lié à la perte d’activité des entreprises sur place. « Les recettes vont disparaître tout simplement dans les deux provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu parce que les entreprises sont en train de disparaître à Goma et à Bukavu », explique un homme d’affaires du Nord-Kivu, s’exprimant sous anonymat . « Il n’y a pas de banques opérationnelles. Désormais, les entreprises prennent des mesures d’assainissement du personnel. Elles envoient presque tout le monde en congé technique. C’est d’ailleurs aberrant de parler des recettes des régies fiscales pendant cette période de guerre dans l’est de notre pays. »
Effet boule de neige
Cette inquiétude des milieux d’affaires de l’est de la RDC est partagée par l’expert en fiscalité de l’Observatoire international pour la bonne gouvernance. Prince Nkossi Zobolo rappelle ainsi que les entreprises et les commerçants ne sont plus en mesure de payer leurs taxes :
« Ce qu’il faut dire, c’est que le climat des affaires est complètement détérioré parce qu’on ne peut pas mobiliser des investissements. Donc de ce point de vue, il y a une détérioration sérieuse du climat des affaires qui ne permet pas aux opérateurs économiques de pouvoir honorer leurs engagements vis-à-vis de l’Etat. »
La crise actuelle qui touche les grandes entreprises de Goma et de Bukavu se répercute aussi sur de nombreux sous-traitants, aggravant plus encore le chômage dans ces deux villes.
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