le Consul apporte des éclaircissements

Depuis plusieurs semaines, la Mauritanie mène des opérations d’expulsion de migrants en situation irrégulière. Une décision qui suscite des réactions dans les pays concernés, notamment au Sénégal, où de nombreux jeunes tentent de rejoindre l’Europe via ce territoire. Dans un entretien avec le journal Le Quotidien, Boughourbal Moulaye Abasse, Consul honoraire du Sénégal à Nouadhibou, est revenu sur les raisons de cette politique mauritanienne et a plaidé pour une coopération interétatique plus efficace afin d’apporter une réponse durable à cette crise migratoire.

Avec une population de 4,5 millions d’habitants, la Mauritanie fait face à un afflux massif de migrants, estimé à 1,2 million de personnes, selon le diplomate sénégalais. Ces migrants, venus principalement d’Afrique de l’Ouest, mais aussi d’Asie (Pakistan, Inde), utilisent ce pays comme point de départ vers l’Europe, à défaut de pouvoir emprunter d’autres routes verrouillées par le Maroc et le Sénégal.
Cette situation a conduit à une montée de l’insécurité, marquée par une recrudescence de la criminalité et le développement de réseaux de trafic de migrants.

« Il y a eu une montée de la criminalité avec des cas de violence qui se répètent. 80 Mauritaniens impliqués dans des réseaux de trafic de migrants ont été arrêtés. Une pirogue transportant 20 Pakistanais a coulé, causant la mort de tous les passagers. En une nuit, 200 corps ont été enterrés », a expliqué Boughourbal Moulaye Abasse.  Face à ce chaos, la Mauritanie, avec l’aide de l’Union européenne et des forces de police espagnoles, tente de reprendre le contrôle de la situation en multipliant les expulsions.

Si les Sénégalais en situation régulière ne rencontrent pas de problèmes particuliers, ceux sans papiers font face à des expulsions. Le Consul honoraires a indiqué que la priorité des autorités mauritaniennes est d’empêcher que ces migrants prennent la mer dans des conditions précaires.

« Il y a des migrants sans papiers que nous ne pouvons pas identifier immédiatement. Quand ils sont arrêtés, on les renvoie à la frontière. »

À en croire le journal, à Nouadhibou, 15 000 Sénégalais sont recensés, tandis qu’à Nouakchott, ils seraient près de 300 000, pour la plupart bien intégrés. Malgré tout, l’expulsion de migrants, notamment sénégalais, met une pression énorme sur les représentations consulaires. « Nous gérons aussi les rapatriements depuis le Maroc, souvent à nos propres frais. Nous louons des bus, payons la nourriture et assurons l’accompagnement des migrants », a précisé M. Abasse. 

Pour ce dernier, l’expulsion massive de migrants ne suffira pas à enrayer la crise. Il a plaidé pour une réponse concertée entre États, notamment entre le Sénégal et la Mauritanie, qui partagent une économie et des ressources complémentaires, notamment dans le secteur énergétique avec l’exploitation du gaz offshore.

« Il faut une coopération interétatique avec un budget dédié à la gestion des migrants. En Europe, Las Palmas accueille aujourd’hui 30 000 migrants sans perspectives. Nous devons intensifier la communication et la sensibilisation pour dissuader nos jeunes de risquer leur vie en mer », a-t-il ajouté. 

Alors que la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Yacine Fall, est attendue à Nouakchott pour discuter de cette crise, le diplomate espère que des solutions concrètes seront trouvées afin d’éviter que la situation ne dégénère davantage.

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