Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, s’est rendu au Niger dans le cadre d’une mission visant à renforcer la coopération nucléaire entre l’AIEA et ce pays. Le Niger, qui figure parmi les plus grands producteurs mondiaux d’uranium, est un acteur clé dans le secteur nucléaire. Ce déplacement survient dans un contexte politique complexe, marqué par un régime militaire au pouvoir depuis un coup d’État en 2023. M. Grossi a rencontré Ali Mahaman Lamine Zeine, le Premier ministre du gouvernement nigérien, pour discuter des possibilités d’approfondir la coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire et des applications pacifiques de la technologie.
Coopération renforcée dans un contexte politique tendu
Lors de sa rencontre avec les autorités nigériennes, M. Grossi a insisté sur l’importance de maintenir une relation étroite avec le Niger dans le domaine nucléaire, particulièrement en ce qui concerne la sécurité et la sûreté des installations. Le pays, fournissant environ 5 % de la production mondiale d’uranium, joue un rôle essentiel dans l’approvisionnement mondial, notamment pour les centrales nucléaires. La visite du directeur général de l’AIEA a également mis en lumière l’impératif de garantir la continuité de l’engagement de l’AIEA, malgré les bouleversements politiques qui secouent la région.
Tensions autour de l’exploitation de l’uranium
Le Niger, qui possède des gisements d’uranium parmi les plus importants au monde, est en conflit ouvert avec plusieurs entreprises étrangères, dont le groupe français Orano. Ce dernier est impliqué dans l’exploitation de la mine Somaïr, l’un des plus grands sites d’uranium du pays, mais les relations se sont détériorées à la suite des décisions prises par le gouvernement nigérien. En particulier, le régime militaire a retiré à Orano son permis d’exploitation sur le site d’Imouraren, l’un des plus vastes gisements d’uranium au monde. Ce développement a exacerbé les tensions entre le Niger et Orano, qui a perdu son contrôle sur plusieurs sites d’exploitation minière majeurs. En parallèle, le groupe français a engagé des actions judiciaires pour tenter de récupérer les quantités d’uranium bloquées sur le site de la Somaïr, d’une valeur estimée à 250 millions d’euros.
Visite d’infrastructures et soutien technique de l’AIEA
Au-delà des discussions politiques et économiques, Rafael Mariano Grossi a également visité des infrastructures liées à l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire. Il s’est rendu à Niamey pour examiner un centre de radiothérapie construit avec le soutien technique et financier de l’AIEA. Ce centre de radiothérapie contre le cancer fait partie des efforts de l’AIEA pour promouvoir l’utilisation de l’énergie nucléaire dans le domaine médical, en particulier dans les pays en développement, où les besoins en soins de santé sont pressants.
Impact sur l’approvisionnement mondial d’uranium
Les tensions entre le gouvernement nigérien et Orano ont des répercussions directes sur le marché mondial de l’uranium. En effet, le Niger est un fournisseur majeur de cette ressource stratégique, et tout bouleversement politique ou économique dans le pays peut avoir des conséquences sur les prix et l’approvisionnement de l’industrie nucléaire internationale. Ces tensions soulignent également le défi croissant auquel sont confrontées les entreprises étrangères qui exploitent des ressources naturelles dans des pays où les régimes politiques sont instables et où les politiques souverainistes sont renforcées. La situation actuelle a poussé le Niger à explorer de nouveaux partenariats avec d’autres acteurs internationaux, notamment la Russie et l’Iran, bien que ces démarches soient entourées de précautions politiques.
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