Patron du SILAM, le centre d’écoute et de surveillance électronique du Gabon depuis 15 ans, Jean Charles Solon, Français d’origine malgache, est très certainement l’homme le mieux informé du Gabon. Portrait d’un homme de l’ombre.
C’est un homme que très peu de personnes au Gabon connaissent (et dont les photos sont très rares), pourtant Jean Charles Solon est sans doute l’homme le plus puissant du Gabon, en raison de sa connaissance exhaustive de chaque individu dans le pays et de ses capacités de renseignement presque illimitées. À la tête du SILAM – un centre d’écoute créé au début des années 80 au Gabon grâce à l’expertise du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) – depuis 2008, Jean Charles Solon, Français d’origine malgache ayant servi dans l’armée française et au sein de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (où il a occupé des postes techniques), a atteint une dimension et une puissance jamais égalées par ses prédécesseurs : le colonel Maurice Marion (décédé dans un tragique accident d’ULM en 1999) et le Colonel Boisseau.
Maître absolu de la surveillance électronique
En 15 ans, Jean Charles Solon a équipé le SILAM de matériel de pointe et de logiciels permettant une surveillance globale aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Gabon. Il ne rend compte de son action qu’au Chef de l’État gabonais, à qui il remet chaque jour, sous pli, les comptes rendus des écoutes et autres surveillances électroniques, puisqu’il dispose de moyens de surveillance pouvant infiltrer les téléphones portables ainsi que les messageries, les mails…
À la fin du Conseil des ministres du 1er août 2019, Jean Charles Solon a vu ses pouvoirs renforcés lorsqu’il est entré au conseil d’administration de l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ARCEP), qui exerce également dans la surveillance et la répression des voix dissidentes et des opposants politiques au Gabon.
La défiance des Bongos
À partir de 2020, Jean Charles Solon est entré dans une zone de turbulences puisque cette année-là, pendant plusieurs mois, il n’a pas eu accès au chef de l’État qu’il voyait pourtant tous les jours et à qui il ne rendait des comptes qu’à lui seul. Au sein du pouvoir, il était question d’une réorganisation complète du SILAM (voire même d’un éclatement) avec l’expertise britannique et israélienne.
En 2023, Nouredinne Bongo a porté le projet d’une réforme de la communauté du renseignement dont le SILAM fait partie. Cette réforme aurait débouché sur la création d’un Méga-service de renseignement dirigé par Frédéric Bongo, qui a dirigé en tant que gendarme la Direction Générale des Recherches (DGR), puis en tant que membre de la Garde Républicaine la Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS), jusqu’à son remplacement par un certain Brice Oligui Nguema.
Sauvé par le coup d’État ?
Quel rôle a joué le SILAM dans la prise de pouvoir par l’armée gabonaise le 30 août 2023 ? Au vu de ses capacités, il est difficile de dire que la très bien équipée agence n’ait rien entendu.
Sept mois après la prise de pouvoir par l’armée, Jean Charles Solon – dont Nelly Ngabima, ancienne agente du SILAM installée en France, a dénoncé les très importants travers de sa gestion – a été maintenu à son poste par le Général Brice Oligui Nguema, l’ancien maître espion qui préside désormais aux destinées du Gabon.
Reste à savoir si le maintien de Jean Charles Solon – qui dispose également selon plusieurs sources d’un fichier très complet sur le nouveau maitre du Gabon – à son poste découle d’une certaine crainte qu’il inspire à Brice Oligui Nguema…
Mondafrique avait prévu le putsch militaire de Brice Oligui Nguema.
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