Le général Ézéchiel Gakwerere, figure du génocide des Tutsis, remis à Kigali par le M23

Ce fut une surprise. Parmi les prisonniers FDLR (le groupe armé créé par les génocidaires hutus de 1994) remis à Kigali par le M23 (le groupe armé congolais soutenu par le Rwanda) ce 2 mars, une figure recherchée du génocide des Tutsis. Son nom ? Ézéchiel Gakwerere, général et numéro deux des FDLR. En 1994, il était un officier de l’armée rwandaise (FAR), proche collaborateur du capitaine Nizeyimana, le « Boucher de Butare ».

Responsable du renseignement et des opérations militaires à l’École des sous-officiers (ESO) de Butare, le capitaine Nizeyimana a été condamné en 2012 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à la perpétuité pour crime de génocide. Au cours de ce procès, Ézéchiel Gakwerere a été présenté comme ayant agi « de concert » avec son chef dans des faits constitutifs de génocide, crimes contre l’humanité (extermination, assassinats, viols…) et crimes de guerre.

Au cœur des massacres de Tutsis à Butare

Dans l’immense base de données consacrée au rôle de la France dans le génocide des Tutsis collectée par Jacques Morel depuis 2001, on découvre qu’Ézéchiel Gakwerere a été placé par le capitaine Nizeyimana « à la tête des nouvelles recrues de l’ESO (…) devenues d’éminents tueurs lorsqu’ils effectuaient des patrouilles ou tenaient des barrages routiers ». Selon les recherches de Jacques Morel, « avec ces jeunes recrues, Gakwerere est largement considéré comme ayant reçu le feu vert de Nizeyimana pour débarrasser la ville de Butare des Tutsis, ce qu’il a en grande partie accompli ».

Parmi ses faits d’armes les plus retentissants, avoir participé à l’assassinat, le 21 avril 1994, de la reine Rosalie Gicanda, veuve du roi Mutara Rudahigwa, et dernière reine du Rwanda. Son meurtre (massacrée avec toute sa maisonnée) a donné le signal de la mise à mort de tous les Tutsis de la préfecture de Butare.

Ézéchiel Gakwerere est aussi « soupçonné d’avoir participé à l’arrestation puis à l’assassinat de l’ancien préfet de Butare, Jean-Baptiste Habyalimana », selon la même source. Ce préfet avait refusé d’appliquer les mesures criminelles dictées par le gouvernement génocidaire contre les Tutsis. Il aurait aussi « dirigé une quinzaine de soldats qui ont tué les Tutsis qui se cachaient à l’économat du diocèse catholique de Butare et au couvent voisin des Petites Sœurs de Jésus ».

Continuer la guerre et le génocide dans l’est de la RD-Congo

Né en 1964 à Rukara dans la préfecture de Kibungo (dans l’est du Rwanda), Ézéchiel Gakwerere a quitté le Rwanda en juillet 1994 pour s’établir dans un camp de réfugiés dans le Nord-Kivu avec ses frères d’armes. Après le démantèlement des camps à la fin 1996, son ancien chef, « le Boucher de Butare », fonde, avec d’autres membres des anciennes Forces armées rwandaises, l’Armée de libération du Rwanda (ALIR). Ézéchiel Gakwerere est des leurs, et monte en grade au sein de ce groupe rebaptisé Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Ce groupe armé sème la désolation dans l’est de la RDC depuis près de trente ans, s’en prenant à la population congolaise associée aux Tutsis et menant des attaques terroristes au Rwanda. Dans son combat contre le M23, l’armée congolaise s’est associée aux FDLR, a accusé Kigali. Arrêté à Goma par le M23, Ézéchiel Gakwerere portait un uniforme de l’armée congolaise (FARDC) lorsqu’il a été remis aux autorités rwandaises. Kinshasa a crié à la manipulation, jugeant que cette arrestation et cette remise des prisonniers FDLR au Rwanda étaient un « montage grossier » du M23 visant à justifier son offensive sur Goma et Bukavu. Si Ézéchiel Gakwerere est condamné pour crime de génocide par la justice rwandaise, il s’expose à une peine de prison à perpétuité.

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.