“Je m’appelle Keke, j’ai 26 ans. J’ai étudié le business. Et je suis là pour gagner assez d’argent pour financer mes études. Mais c’est très dangereux de travailler dans les mines : il n’y a aucune mesure de sécurité ! C’est vraiment un travail où on risque sa vie tous les jours. Mais je veux aller à l’université, pour devenir un grand businessman !”
Ils sont plus d’un million au Ghana comme ce jeune homme, à courir après l’or dans des mines artisanales, les galamsey. Ils y risquent leur vie, mais en détruisant aussi l’environnement de toute une partie de ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest.
Car si la fièvre de l’or qui est aussi vieille que l’Homme et son exploitation millénaire dans l’Ouest du Ghana, elle a pris depuis une vingtaine d’année des proportions catastrophiques, avec l’importation de techniques mécanisées plus efficaces et plus destructrices.Le pays a déclaré 80 tonnes d’or extrait en 2021, dont plus de 30% proviendraient de ces exploitations minières à petite échelle, qui font vivre jusqu’à 4,5 millions de personnes indirectement.
Et les conséquences de cette activité illégale sont catastrophiques : déforestation, dégradation des terres et pollution des cours d’eau… Autant de dégâts qui compromettent la santé et l’alimentation des habitants de la région, tout près de la Côte d’Ivoire, et que les premiers colons avaient baptisé “la Côte d’Or”.
Mais autour de Huni Valley, tant de gens en dépendent de cette économie de la survie que l’exploitation de l’homme et des ressources se poursuit. Avec toujours les mêmes ravages de cet extractivisme sauvage, alors que legouvernement ghanéen a fait récemment passer des lois ouvrant l’exploitation minière dans les réserves forestières…
Alors heureusement, il y a des gens comme Justice, qui se bat pour trouver d’autres perspectives aux jeunes des galamsey que de s’enterrer vivants en retournant la forêt…Il anime un programme officiel qui, faute de lutter vraiment contre les mines illégales, leur propose (avec des contrats de deux ans) de planter des arbres pour essayer de réparer les zones déforestées.
Mais pendant ce temps, à l’autre bout du pays, dans la région subsahélienne à la frontière avec le Burkina-Faso, ce n’est plus la soif de l’or qui anime les populations. Mais la soif tout court. Et pendant que les uns exploitent la terre en la détruisant toujours davantage, d’autres tentent de la réparer : en plantant des arbres pour faire reculer la désertification.
Et ce n’est plus seulement de la préservation mais bel et bien de la régénération de leur cadre de vie à laquelle se sont attelés des paysans de ces zones rurales. Ils appliquent, depuis plus de 6 ans, des techniques d’agroforesterie pour faire reculer le désert, et assurer leur subsistance, tout en s’adaptant au changement climatique.
Avec l’aide d’une ONG britannique (TreeAid) les villageois autour de Yendi se sont unis pour planter 1,5 million arbres en quatre ans avec la pratique de la RNA : “régénération naturelle assistée”. Une technique ancienne remise à jour il y a une quarantaine d’année par l’agronome Australien Toni Rinaudo, à base d’élagage pour reboiser des milieux dégradés, en aidant les arbustes déjà présents. Elle est aujourd’hui promue depuis dans des dizaines de pays d’Afrique et d’Asie (avec aussi l’ONG Vision du monde) où elle a fait ses preuves. Ici, grâce à la végétation, l’eau est revenue toute l’année dans la rivière Daka, dont dépendent les villageois. Et les arbres fruitiers récemment plantés portent déjà des fruits, permettant aux habitants d’en travailler et revendre les produits.
“C’est le moyen que nous avons trouvé pour à la fois combattre le changement climatique et trouver des ressources pour que les communautés paysannes puissent survivre” explique Robert Atawura, le coordinateur du projet. Ou comment aider la nature à aider les gens.
Tel Anabire, dans son paysage semi désertique, qui lutte contre le changement climatique avec son lance-pierre à la main. Pour chasser les oiseaux de ses jeunes pousses. Loin d’un symbole donquichottesque, il est, bien au contraire, l’image de quelqu’un qui a retrouvé l’espoir et fait reculer la faim.
C’est déjà ça.
Reportage : Giv Anquetil
Traduction : Justice Baidoo
Montage : Karen Dehais
Réalisation : Maria Pasquet
Programmation musicale
• King Ayisoba – « Modern Ghanaians »
• E.L – « One Ghana (For Your Pocket) »
• Gérald Toto, Lokua Kanza & Richard Bona – « Ghana blues »
Liens à propos du programme Tree Aid à Yendi : https://www.treeaid.org/projects/ghana/restoring- the-daka-river-phase-one/
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