Le gouvernement Holt a déposé un projet de loi qui renverse les changements controversés du gouvernement Higgs aux fonds de pension de certains groupes de travailleurs du Syndicat canadien de la fonction publique.
Le projet de loi des libéraux annule essentiellement celui du gouvernement de Blaine Higgs qui, en 2023, avait légiféré pour forcer trois groupes de travailleurs du SCFP à changer de modèle de régime de pension.
Blaine Higgs critiquait la viabilité des régimes de pension à contributions définies de ces groupes de travailleurs, notamment en raison de leur coût pour la province. Selon lui, ces régimes de pension n’étaient pas viables, affichaient un déficit de 285 millions $ et auraient un impact financier négatif sur les contribuableacs. Son projet de loi visait donc à leur faire adopter un régime à risques partagés qui était moins coûteux.
Ces changements affectaient trois fonds de pension d’employés du Conseil des syndicats des foyers de soins, ainsi que les pensions des syndicats des districts scolaires, et du personnel de soutien en éducation.
Ces syndicats avaient demandé aux tribunaux de bloquer le fameux projet de loi 17 du gouvernement Higgs et de déclarer qu’il était inconstitutionnel et qu’il brimait les droits des travailleurs.
À l’Assemblée, en décembre 2023, l’équipe Higgs avait adopté la nouvelle loi sous les huées d’une tribune bondée de membres du SCFP qui s’y opposaient avec vigueur.
Quelques membres de la direction du SCFP du N.-B. avaient d’ailleurs été temporairement bannis de l’Assemblée législative en raison de cette manifestation.
L’une d’elles, Sandy Harding, la directrice régionale des Maritimes du SCFP, était de retour à Fredericton vendredi pour assister au dépôt de la nouvelle législation du ministre des Finances, René Legacy.
«Ça allait plus loin que les fonds de pension de trois groupes syndiqués. Il était question de la liberté de négociation», dit-elle.
Elle affirme que le gouvernement Higgs avait «déchiré les droits de négociation collective» avec son projet de loi et qu’elle salue la volonté des libéraux de respecter ces droits.
Les syndicats entendent maintenant négocier avec le gouvernement libéral. Mme Harding indique que l’action en justice des syndicats sera retirée lorsque le nouveau texte législatif sera adopté et que les changements de Blaine Higgs auront été renversés.
René Legacy dit que les négociations avec le syndicat vont reprendre dans les prochains jours, et qu’il veut trouver une entente qui satisfera tout le monde. Le problème que cherchait à réparer Blaine Higgs demeure entier, mais selon lui, il faut le régler «à la table de négociations, pas à l’Assemblée législative».
«Il y a encore des problèmes, parce qu’il y a certains plans qui étaient en difficulté financière. On continuait, même durant la situation avec le projet de loi 17, à renflouer certains des plans.»
Selon lui, le processus de transfert des fonds de pension n’avait pas encore été entamé malgré l’adoption du projet de loi de Blaine Higgs.
Glen Savoie ni chaud ni froid
L’adoption de fonds de pension à risques partagés dans la fonction publique est un cheval de bataille de l’ancien premier ministre, Blaine Higgs, depuis longtemps. Il avait amorcé des changements en ce sens alors qu’il était ministre des Finances du gouvernement Alward.
«La viabilité des régimes de retraite est menacée si rien n’est fait, et ce, dès maintenant», avait écrit Blaine Higgs dans une lettre d’opinion publiée dans l’Acadie Nouvelle le 10 décembre 2023, alors qu’il cherchait à défendre son projet de loi 17.
À ce moment-là, l’adoption de cette législation était controversée, et les progressistes-conservateurs se sont littéralement fait crier après par des militants lorsqu’il a franchi la troisième lecture en chambre.
Mais le chef par intérim actuel du parti, Glen Savoie, ne semble pas choqué outre mesure par le revirement de situation. Il explique que le contexte est différent et que son travail est maintenant celui de l’Opposition, soit de poser des questions aux libéraux pour s’assurer qu’ils ont pris la bonne décision.
«C’est le choix du gouvernement de changer ça, c’est à eux de suivre leur mandat. Nous, on doit s’assurer que c’est la bonne voie à suivre pour les Néo-Brunswickois. Est-ce durable de faire ces changements, oui ou non?», s’est-il demandé en promettant de poser la question au gouvernement.
Il n’a pas pris de position claire pour ou contre le renversement des changements aux fonds de pension vendredi.
La députée du Parti vert, Megan Mitton, a une position plus ferme. Tout comme Sandy Harding, elle juge que l’initiative du gouvernement Higgs brimait les droits de négociation collective des travailleurs.
«J’étais contre l’ancien projet de loi 17, alors je suis contente de voir que celui d’aujourd’hui va l’annuler.»
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