« Le grand divertissement, c’est très noble »

Son joli sourire a beau être familier des inconditionnels de Balthazar, où elle incarnait la femme de Tomer Sisley, Leslie Medina reste encore méconnue du grand public. Parions sans trop se mouiller que ce relatif anonymat en prendra un coup, notamment auprès d’une cible plus jeune que celle de TF1, grâce à l’arrivée sur Netflix de Fiasco, le nouvel opus d’Igor Gotesman (Five, Family Business), tant il semble voué à cartonner.

Elle y incarne l’actrice principale d’un long métrage historique dont le tournage vire au naufrage au grand dam de son capitaine un brin nigaud campé par Pierre Niney, également co-créateur de la série.

Une exposition bienvenue pour cette chaleureuse brune à la voix de velours qui mène sa barque avec la philosophie d’un moine bouddhiste dans les eaux embouteillées de la comédie. Souvent, depuis ses débuts, à la faveur de rôles secondaires à la télévision ou dans des films oubliables, Camping 3 (2016) de Fabien Onteniente et Mon poussin (2017) de Frédéric Forestier, sans que cette chiche filmographie ne génère de frustrations. « Je ne me suis jamais dit : “Ah, ce n’est pas du cinéma, ce n’est pas un film d’auteur…”, explique-t-elle. J’ai fait les choses qui sont venues à moi avec beaucoup d’amusement et de légèreté. Le grand divertissement, c’est très noble. Je suis fière d’être entrée dans le quotidien des gens avec une série comme Balthazar. »

Il y a chez elle cette force de caractère que forgent les vicissitudes

On peut avoir les pieds sur terre et les yeux rivés vers les étoiles. Celle qui, pendant son adolescence lyonnaise, se rêvait astrophysicienne (elle obtiendra un bac S malgré ses résultats médiocres en maths), est aussi une musicienne autodidacte dont le deuxième EP est attendu le 24 mai. Dis-moi ce que tu chantes, je te dirai qui tu es : Les Lotus poussent dans la boue (c’est son titre) constitue un bel autoportrait aux accents pop et aux textes poétiques révélant la sensibilité à fleur de peau d’une chanteuse talentueuse.

Qu’elle parle de la solitude (Manquer à quelqu’un), d’une rupture amicale (Adieu mon ami), des mauvaises rencontres et des errances artistiques de ses débuts (Fais comme ci). « J’enviais chez les autres ce que j’ignorais de moi, bonjour bonjour les dégâts / À qui à qui la faute, à ceux qui pointent du doigt, à ceux à qui on donne le droit », chante-t-elle dans ce titre émouvant évoquant Michel Berger.

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« Je ne connaissais pas du tout ce milieu. Des maisons de disques aux arrangeurs, à toutes les étapes, je me suis mal entourée parce que je manquais de confiance en moi. Mais ça a formé ce que je suis aujourd’hui », développe l’artiste qui, depuis, a créé son propre label par souci d’indépendance.

Le titre de son second EP le suggère : il y a chez elle cette force de caractère que forgent les vicissitudes, cette lumineuse détermination à voir le beau éclore de la fange. Il en fallait pour ambitionner une carrière dans la musique sans vraiment la connaître : Leslie Medina a passé des nuits blanches à l’apprendre via des tutos sur Internet après que son père lui a offert un piano électrique en 2018.

C’est cette force de caractère qui l’a fait monter à Paris il y a dix ans, ses envies de liberté et de comédie chevillées au cœur. En prêtant son physique avantageux à L’Oréal, Garnier ou Lindt, elle a payé son loyer et ses cours de théâtre sans tromper le sentiment de solitude qu’exacerbent les grandes villes par les excès : des sorties en boîte régulières certes, mais peu d’alcool et aucune drogue. Un coup de cœur, en revanche, pour un physionomiste depuis devenu acteur dans Emily in Paris, Lucas Bravo, qui ne savait rien de son trouble. Elle en tirera plus tard la chanson Amours imaginaires et son clip plein d’autodérision où joue l’ex-objet de son désir.

Cette joyeuse mélancolique, qui ne manque pas d’humour, garde son cap, travaillant à son premier album tout en envisageant l’avenir « avec enthousiasme ». Leslie Medina sait de toute façon que, comme dans la nature, les lotus poussent dans la boue.

FIASCO **

Il en rêvait de ce premier long métrage ambitieux rendant hommage à sa grand-mère résistante pendant la Deuxième Guerre mondiale. Mais pour le jeune metteur en scène Raphaël Valande, le tournage va vite devenir un cauchemar à cause d’un membre de l’équipe bien décidé à le faire capoter.

Née de la complicité d’Igor Gotesman et Pierre Niney, cette comédie tournée façon « mockumentaire » se situe quelque part entre le récent making of de Cédric Kahn (la profondeur en moins, l’esprit loufoque en plus) et l’insurpassable The Office. Si elle est un peu redondante, pas toujours d’une grande subtilité non plus, elle offre quelques situations drôlissimes et séduit par l’énergie de sa distribution de haut vol.

Fiasco, de Igor Gotesman et Pierre Niney, avec eux-mêmes, François Civil, Leslie Medina, Géraldine Nakache. 7 épisodes de 35 minutes. Disponible sur Netflix.

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