Le littoral sénégalais de Bargny, une bombe écologique toujours menaçante

Le calme apparent de la mer cache une réalité bien moins reluisante. Il suffit de jeter un coup d’œil aux alentours pour constater les dégâts énormes causés par la furie des eaux, qui ont complètement défiguré cette commune de 70 000 habitants. Des maisons abandonnées et d’autres en sursis, le spectacle est affligeant pour les populations de Bargny, située à 35 kilomètres de Dakar.

Ici, les habitants, principalement des pêcheurs, assistent, impuissants, à la disparition progressive de leurs habitations qui s’effondrent une à une à mesure que la mer avance.

« Là où nous sommes, c’était des maisons, mais tout est en brûle. On est obligé, quand une maison tombe, une chambre tombe, on rejoint l’autre chambre. Ce sont des pneus, des sacs ….. remplis de sable et les débris des maisons tombées. Ce sont nos moyens de bord qu’on peut, qu’on met pour s’adapter. Vraiment, nous sommes fatigués. Nous sommes fatigués, voilà », déplore Ndèye Yacine Dieng, une habitante du littoral.

En 2023, une enquête de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) révélait que l’avancée de la mer grignotait au moins 1,6 mètre de plage et de rivage par an. D’où l’inquiétude grandissante des habitants, dont une grande partie voit leurs maisons littéralement dévorées par les eaux.

Cette inquiétude est accentuée par la présence d’usines particulièrement polluantes : une cimenterie, une centrale à charbon ainsi qu’un port minéralier et vraquier, qui scandalisent davantage les habitants. Face à ce désastre écologique, des activistes se mobilisent depuis plusieurs années pour mener le combat.

C’est le cas de Médoune Ndoye, dit Medza, qui, depuis une quinzaine d’années, multiplie les initiatives pour attirer l’attention sur les menaces environnementales qui pèsent sur Bargny. Ce militant écologique et d’autres engagés dans la lutte pour la préservation du littoral continuent de mettre la pression sur les pouvoirs publics et les entreprises polluantes qui entourent leur localité.

« Nos gouvernants doivent imposer à ces entreprises de respecter le code de l’environnement, investir dans la politique RSE et changer aussi la méthode de tir de mines, la méthode des filtres. Et pour la centrale à charbon, il y a la possibilité de faire une transition énergétique », interpelle Medza Ndoye.

Mais, en attendant, les habitants n’ont que leurs yeux pour constater l’ampleur du drame écologique qui se joue sous leurs yeux. Ils semblent d’ailleurs désarmés, tout comme les autorités municipales, dont la politique environnementale peine à convaincre même au sein du conseil municipal.

« L’effet que nous constatons ici à Bargny, c’est que la municipalité, des fois, elle nous ouvre des partenariats avec ces industries, pour essayer de voir des sous pour financer le projet… Mais ce que je peux dire en termes d’appréciation, je dirais que la politique environnementale au niveau de la commune de Bargny est très insuffisante par rapport aux défis », regrette Saliou Mbengue, conseiller municipal et militant écologique.

Des défis qui concernent également la gestion des déchets plastiques, un autre signe des catastrophes environnementales qui étouffent le littoral de Bargny. Mais la plus grande inquiétude des populations reste l’avancée de la mer et les effets des émissions des grandes usines polluantes.

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.