Le Mali a récemment pris une décision stratégique concernant son secteur minier, en procédant à un ajustement de sa fiscalité minière. Cette mesure a été officialisée en Conseil des ministres cette semaine, et une annonce a été faite par la primature le mercredi 5 mars 2025 à travers un communiqué. L’ajustement de la fiscalité fait suite à l’adoption du nouveau Code minier en 2023, et s’inscrit dans un cadre plus large de réformes visant à renforcer la gestion des ressources naturelles du pays.
L’objectif des autorités maliennes est explicite : « tirer davantage profit de la rente minière ». Cette révision fiscale se compose de trois principales mesures. Premièrement, l’impôt spécial sur les produits miniers (ISPC) sera désormais étendu aux marbres, lingots d’or et autres produits miniers. Deuxièmement, le taux d’imposition minimal est réduit, passant de 5% à 3%, ce qui vise à encourager les producteurs tout en maintenant un niveau de taxation compétitif. Enfin, la troisième mesure concerne l’extension de l’application du droit de timbre sur les intentions d’exportation à l’ensemble des produits miniers.
Ces ajustements ont pour but de renforcer l’assiette fiscale du secteur, tout en stimulant la production minière et en améliorant la transparence des déclarations. Une des priorités du gouvernement est d’augmenter la conformité des acteurs miniers aux exigences fiscales. Un rapport récent de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) a révélé des écarts significatifs entre les données officielles de production et d’exportation, soulignant ainsi la nécessité de ces ajustements.
Selon un fiscaliste, cet ajustement est « une nécessité pour s’aligner sur le nouveau Code minier ». Toutefois, un expert du secteur extractif, interrogé par RFI, a précisé que la hausse des prix de l’or avait rendu la fiscalité minière malienne trop favorable aux acteurs du secteur, justifiant ainsi ce réajustement. Ce dernier a également souligné que ces réformes répondaient aux besoins croissants de financement de l’État, notamment après le constat du déficit budgétaire malien formulé par le FMI en avril dernier.
Il convient de noter que, selon les données de 2023, le secteur extractif représentait près de 30% des recettes de l’État malien, ce qui rend la révision fiscale d’autant plus stratégique pour la stabilité financière du pays. En effet, dans un contexte de hausse des besoins de financement du gouvernement, ce réajustement de la fiscalité minière vise à accroître les recettes publiques et soutenir l’économie nationale.
Moctar FICOU / VivAfrik
Crédit: Lien source