Le Mali, le Burkina Faso et le Niger se retirent de la Francophonie : A quand le retrait de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, UEMOA ?
La brouille diplomatique va crescendo entre la France et trois de ses anciennes colonies. Après la rupture diplomatique, avec l’expulsion des ambassadeurs de la France de ces trois pays et celle relative à la coopération militaire, sans surprise le Mali, le Burkina Faso et le Niger viennent de se retirer de l’Organisation Internationale de la Francophonie, OIF.
Ce retrait est la conséquence logique de la suspension de ces trois pays de l’organisation après que les militaires aient perpétré des coups d’Etat dans ces trois pays sahéliens mettant un coup d’arrêt au processus démocratique, toute chose qui est contraire aux principes de l’organisation dont l’une de ses devises est la promotion de l’Etat des Droits et de la démocratie. Sous prétexte de ne pas les aider à défendre leur souveraineté et de n’avoir pas accompagné les trois pays en crise, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont tourné le dos à l’Organisation Internationale de la Francophonie. Le retrait des trois pays de l’AES aura-t-il des conséquences ? A quand celui de l’UEMOA dont la France est garante ?
L’Organisation Internationale de la Francophonie a pour but de promouvoir la langue française à travers la diversité culturelle et linguistique, mais aussi et surtout faire la promotion de la paix, la démocratie et les droits de l’Homme. Sachant bien que pour atteindre ce but il faut promouvoir le développement c’est pourquoi elle appuie l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche et enfin elle fait la promotion du développement et de la coopération économique au service du développement durable. Composée de 93 pays membres, l’organisation comprend également des pays non francophones, mais intéressés par le riche programme de l’OIF. C’est pourquoi la langue française est la 5e langue la plus parlée après le chinois, l’anglais, l’espagnol et l’arabe avec plus de 300 millions de locuteurs. Au fil du temps et de l’évolution l’organisation Internationale de la Francophonie a ajouté d’autres cordes à son arc pour la rendre plus attrayante en créant un espace de solidarité fondé sur les principes d’humanisme, de démocratie et de respect de la diversité des cultures et des langues. N’est-il pas indispensable aujourd’hui de créer des grands ensembles à l’image de la francophonie, surtout compte tenu de l’évolution géopolitique sur la scène internationale, ne laissant aucune place aux faibles et exigeant des pays de se mettre ensemble pour exister ? Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en décidant de se retirer de l’OIF, ont encore rétréci le nombre de leurs partenaires et se sont isolés davantage. Comment peut-on cracher sur des relations entre les pays de l’AES et 90 autres pays qui composent l’OIF en ne comptant que sur celles qui sont bilatérales ?
Le retrait du Mali, des trois pays de l’AES aura-t-il des conséquences ?
Comment peut-on se retirer d’une organisation comme l’OIF qui au-delà de la promotion de la langue française, a toujours accordé la priorité aux jeunes et aux femmes, elle a également fait la promotion de l’entreprenariat et a permis l’accès à l’éducation, à la formation, à l’innovation grâce aux outils numériques. Que dire de la promotion de la paix, de la démocratie et des Droits de l’Homme ? En quittant l’OIF au nom du souverainisme, les pays de l’AES ont fait le choix de se priver de tous ces avantages et de tous les projets structurants que l’organisation finançait ou sur le point de le faire. Comment comprendre qu’au moment où des pays anglophones comme l’Egypte ; le Ghana et le Nigéria se bousculent au portillon de l’OIF pour bénéficier ou tout au moins élargir leur base diplomatique voir économique, d’autres pays par contre décident de se recroqueviller sur eux-mêmes en s’isolant. Les trois pays de l’AES qui ont fait le choix de se retirer de l’OIF ne semblent pas mesurer les conséquences de leur acte et surtout ses impacts négatifs sur les peuples qui, de grands bénéficiaires, en sont devenus les grands perdants. En somme, le retrait des pays de l’AES de la francophonie isole non seulement davantage les trois pays, mais aussi et surtout fait perdre à ces pays des avantages certains.
A quand le retrait de l’UEMO dont la France est garante ?
Cette question taraude l’esprit de bon nombre d’observateurs, qui disent ne pas comprendre comment les Etats de l’AES pourraient nourrir une telle inimitié avec la France et continuer d’utiliser une monnaie garantie par cette même France ? C’est certainement une question de temps sinon ils n’ont aucune raison de demeurer membres de l’UEMOA alors qu’ils ont rompu totalement et violemment avec la France. Ils ont intérêt à aller vite pour ne pas être mis devant le fait accompli, car la CEDEAO projette de créer l’Eco en 2027, donc l’AES a 1 an et 9 mois pour réaliser son projet de création de monnaie au risque d’être seulement trois à consommer le CFA en Afrique de l’Ouest. La création d’une nouvelle monnaie est devenue une nécessité pour les pays de l’AES s’ils ne veulent pas être confrontés aux dures fluctuations monétaires avec une instabilité financière chronique qui aura comme conséquence l’inflation.
En définitive, le problème est que les trois pays de l’AES ne se posent jamais la pertinente question de savoir si en traitant à tort la France comme l’ennemi juré, source de tous nos maux , nous risquons également de nous brouiller avec un nombre important de pays alliés de la France qui a l’une des diplomaties les plus actives et les plus respectées au monde. Les trois pays de l’AES auraient dû intégrer ces données avant d’agir. En prenant des décisions sans au préalable penser aux solutions alternatives pour minimiser les conséquences, ils courent le risque d’être désavoués par leurs peuples. C’est d’ailleurs pourquoi leurs décisions ne mobilisent plus autant de foule pour les soutenir, elles passent inaperçues car une frange importante ne se reconnait plus en elles et se montre indifférente.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance
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