Le Mali, le Niger et le Burkina Faso rappellent leurs ambassadeurs en Algérie après un incident avec un drone
Le Mali et ses alliés du Niger et du Burkina Faso ont annoncé, dimanche 6 avril, le rappel de leurs ambassadeurs respectifs en Algérie, pays qu’ils ont accusé d’avoir abattu, fin mars, un drone de l’armée de Bamako au nord du territoire malien, près de la frontière algérienne.
« Le collège des chefs d’Etats de l’AES [Alliance des Etats du Sahel] décident de rappeler pour consultations les ambassadeurs des Etats membres accrédités à Alger », ont annoncé les trois pays dans un communiqué commun. Cette décision intervient dans un climat de profonde dégradation des relations entre les deux pays.
Le 1ᵉʳ avril, Alger avait dit avoir abattu un drone de reconnaissance armé qui avait pénétré son espace aérien. A la suite d’une enquête, le Mali a « conclu avec une certitude absolue que le drone a été détruit suite à une action hostile préméditée du régime algérien », a affirmé dans un communiqué le ministère des affaires étrangères malien. Les autorités algériennes n’avaient pas réagi dans l’immédiat.
Tensions croissantes entre le Mali et l’Algérie
Selon les autorités maliennes, dirigées par des militaires au pouvoir depuis un double coup d’Etat en 2020 et 2021, l’épave du drone a été localisée dans une zone située à 9,5 kilomètres au sud de la frontière entre les deux pays.
« La distance entre le point de rupture de liaison avec l’appareil et le lieu de localisation de l’épave est de 441 mètres. Ces deux points sont tous situés sur le territoire national », dit le communiqué, ajoutant que l’aéronef « est tombé à la verticale, ce qui, probablement, ne peut s’expliquer que par une action hostile causée par des tirs de missiles sol-air ou air-air ». « Face à la gravité de cet acte d’agression inédit », le Mali « condamne avec la dernière rigueur cette action hostile, inamicale et condescendante des autorités algériennes », poursuit le document.
Le Mali a par ailleurs annoncé plusieurs mesures, notamment la convocation de l’ambassadeur d’Alger sur son territoire pour « protester » contre son pays, le retrait avec effet immédiat du comité d’état-major conjoint (CEMOC) – une alliance de plusieurs forces armées du Sahel pour lutter contre le terrorisme –, et une plainte devant des instances internationales « pour actes d’agression ».
Fin de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015
Ce contentieux est le dernier en date entre le Mali et son grand voisin algérien, dont les relations n’ont cessé de se dégrader ces dernières années. Les deux pays avaient déjà rappelé leurs ambassadeurs respectifs à la suite d’une brouille en décembre 2023.
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Le Mali reproche à l’Algérie d’entretenir une « proximité avec les groupes terroristes », notamment dans la région frontalière, où l’armée malienne et ses alliés russes ont subi fin juillet de lourdes pertes. Fin janvier 2024, la junte malienne avait annoncé la « fin, avec effet immédiat », de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015. Cet accord a longtemps été considéré comme essentiel pour stabiliser le pays, confronté depuis 2012 à une crise sécuritaire nourrie par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI), et de bandes criminelles communautaires.
Depuis leur prise du pouvoir par la force en 2020, les militaires maliens ont, outre l’accord de paix d’Alger, rompu l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens pour se tourner vers la Russie et ont fait partir la Minusma, la mission de stabilisation des Nations unies au Mali. La junte a ensuite formé en 2023 l’Alliance des Etats du Sahel avec le Niger et le Burkina Faso, également dirigés par des régimes militaires issus de coups d’Etat. En janvier, les trois pays sahéliens ont quitté la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qu’ils estiment inféodée à la France.
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