Bamako (© 2024 Afriquinfos)- Le décès du virtuose musicien malien, Toumani Diabaté ce 19 juillet 2024, continue de provoquer une vague d’émotion dans le monde entier, notamment en Afrique de l’ouest, et plus précisément chez lui au Mali. Celui qu’on surnomme le « roi de la kora » s’est éteint à l’âge de 58 ans des suites d’une courte maladie. Depuis, les hommages affluent des maliens célébrant la vie et l’œuvre de cet artiste détenteur de deux Grammy Awards.
De nombreux musiciens maliens et ouest-africains de renom, parmi lesquels Salif Keita, Oumou Sangaré et Youssou Ndour, ont exprimé leur tristesse sur les réseaux sociaux suite à cette perte majeure. Pour Oumou Sangaré, « le monde de la musique perd aujourd’hui l’un de ses plus grands ambassadeurs ». Elle salue en Diabaté un pont « entre nos traditions ancestrales et la modernité, un artiste qui a su porter la voix du Mali aux quatre coins du monde ».
Le musicien malien Bassekou Kouyaté a travaillé à de multiples repris avec Toumani Diabaté. La nouvelle de sa disparition l’a profondément choqué.
‘’Je n’ai même pas les mots. J’ai commencé à travailler avec lui, depuis 1987. Nous étions de bons amis ; on a fait neuf CD ensemble ; on a fait au moins quatre ou cinq fois le tour du monde ensemble. On avait même un nouveau projet, un album duo… […/…] Quand j’ai vu que Toumani était mort, ça m’a vraiment surpris’’.
Toumani Diabaté a commencé à jouer « dès l’âge de cinq ans » dans l’entourage de sa famille de griots avant de rejoindre l’Ensemble instrumental du Mali, témoigne, sur Facebook, l’ambassadrice du Mali au Canada, Fatima Braoulé Meité.
Lucy Duran, professeure, spécialiste de la musique malienne, avait produit le tout premier album de Toumani Diabaté, en 1987. ‘’Il avait 21 ans et la façon dont Toumani jouait, c’était comme la musique des sphères. J’étais étonnée par sa virtuosité. Il avait beaucoup de mélodies. Il était créatif, respectueux de la tradition de l’époque précoloniale, presque comme la musique classique, avec le contrepoint, les harmonies, avec la beauté, la richesse. C’était extraordinaire, franchement’’, a-t-elle témoigné.
Pour Abdoulaye Diabaté et Mamadou Tounkara, eux-mêmes icônes de la musique traditionnelle malienne, Toumani Diabaté était un digne fils du Mali, un patriote convaincu et un travailleur acharné.
Toumani Diabaté n’était pas seulement un virtuose ; il était aussi un pionnier qui a encouragé les femmes à jouer de la kora, un domaine où elles étaient traditionnellement marginalisées. La musicienne sénégalaise Senny Camara a souligné cette contribution lors d’un hommage émouvant, rappelant comment Diabaté a ouvert des portes et inspiré de nombreuses femmes à poursuivre leur passion pour cet instrument.
Un musicien admiré sur la scène internationale
Père de Sidiki Diabaté, Toumani Diabaté, né en 1965, était un musicien exceptionnel ; il était un ambassadeur de la culture malienne et un innovateur dans l’art de la kora, cet instrument traditionnel à 21 cordes emblématique de l’Afrique de l’Ouest. Son talent et sa virtuosité ont transcendé les frontières, faisant de lui une figure respectée et admirée sur la scène musicale internationale.
Il s’est également régulièrement produit en France, notamment aux côtés du chanteur M, avec qui il avait travaillé sur l’exceptionnel album « Lamomali »
Tout au long de sa carrière, le légendaire roi de la Kora a su marier tradition et modernité, collaborant avec des artistes de renommée mondiale et explorant de nouveaux horizons musicaux tout en restant profondément ancré dans ses racines culturelles. Son album Toumani & Sidiki, réalisé avec son fils, est un témoignage vibrant de ce legs musical familial et de la transmission intergénérationnelle de cet art ancestral.
La disparition de Toumani Diabaté laisse un vide immense dans le cœur de ses proches, de ses admirateurs et de tous ceux qui ont eu le privilège d’être touchés par sa musique. Sa kora, désormais silencieuse, continuera de résonner à travers les enregistrements et les souvenirs, perpétuant l’héritage d’un homme qui a dédié sa vie à la musique et à la promotion de la culture malienne.
Inhumé ce 20 juillet, sa musique continuera de vivre, réchauffant les cœurs et rappelant à chacun d’entre nous la beauté de l’humanité partagée à travers l’art.
V.A.
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