Le Ministère se donne pour mission de promouvoir une société de la connaissance et du savoir au Congo
Le Ministère de la recherche scientifique et de l’innovation technologique a procédé à la remise officielle des lettres de missions aux directeurs généraux du Ministère, le 31 mars dernier à la Cité scientifique de Brazzaville. Ainsi qu’à la présentation des Instituts de recherche et d’appui à la recherche et à l’orientation de la tutelle. Sous la présidence du ministre de la Recherche scientifique et de l’innovation technologique, Rigobert Maboundou, de quelques membres du Gouvernement, du conseiller du Premier Ministre, du délégué général à la recherche scientifique et technologique, des présidents des universités Marien Ngouabi et Denis Sassou Nguesso, des représentants des systèmes des nations unies, des directeurs généraux et des chercheurs, du promoteur de l’Espace Ludoscientifique Congo-Techno Village des Enfants, des innovateurs et inventeurs.
Prenant la parole, le directeur de cabinet du ministre de la Recherche scientifique et de l’innovation technologique, Christian Aimé Kayath à présenté les structures de recherche placées sous sa tutelle. Ces structures constituent l’ossature de l’appareil national de recherche. Elles jouent un rôle stratégique dans la production de connaissances, le développement de l’innovation et l’intégration du progrès scientifique au processus national de développement.
« L’architecture organisationnelle s’articule autour de deux (2) grandes entités de coordination et de pilotage, ainsi que neuf (9) instituts spécialisés, chacun intervenant dans des domaines stratégiques.
D’abord, au niveau central : la Délégation Générale de la Recherche Scientifique et Technologique (DGRST), chargée de coordonner, planifier et évaluer les politiques nationales de recherche. Elle veille à l’articulation entre la recherche scientifique, les priorités nationales et les exigences du développement durable ; la Direction Générale de l’Innovation Technologique, chargée de promouvoir la culture de l’innovation, d’encourager les transferts technologiques et d’accompagner les chercheurs et inventeurs dans la valorisation de leurs travaux.
Ensuite, les instituts nationaux de recherche, véritables creusets de savoirs et de production scientifique : l’Institut National de Recherche Forestière (IRF), qui développe des connaissances sur nos écosystèmes forestiers, la biodiversité et les enjeux liés à la conservation des ressources naturelles ; l’Institut National de Recherche Agronomique (IRA), acteur majeur dans l’amélioration des systèmes agricoles, de sécurité alimentaire et du développement rural ; l’Institut National de Recherche en Sciences Exactes et Naturelles (IRSEN), qui conduit des recherches fondamentales et appliquées dans les domaines de la Biologie moléculaire, la microbiologie, la physique, la chimie, les mathématiques et les géosciences ; l’Institut National de Recherche en Sciences de la Santé (IRSSA), dédié à l’étude des problématiques sanitaires, à la recherche biomédicale, et au renforcement de notre système de santé ; l’Institut National de Recherche en Sciences Sociales et Humaines (INRSSH), qui explore les dynamiques sociales, culturelles, économiques et politiques, essentielles à la compréhension de notre société ; l’Institut National de Recherche en Sciences de l’Ingénieur, Innovation et Technologique (INRSIIT), chargé de promouvoir les technologies émergentes, l’ingénierie et le développement industriel ; l’Institut Géographique National (IGN), en charge de la production cartographique, de l’analyse géospatiale et de la gestion de l’information géographique pour le développement du territoire.
Il faut ajouter à ces instituts deux agences stratégiques : l’Agence Nationale de Valorisation des Résultats de la Recherche et de l’Innovation (ANVRI), qui assure le lien entre la recherche, le secteur privé et le développement économique, en valorisant les résultats scientifiques ; l’Institut National de Documentation, de l’Information Scientifique et Technique (INDIST), qui centralise, conserve et diffuse l’information scientifique et technique, au service de la communauté scientifique et du grand public.
Signalons que chacune de ces entités de recherche et d’appui à la recherche joue un rôle fondamental dans la construction d’un avenir meilleur, en mettant le savoir au service du progrès. Le ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Technologique, à travers ces entités, réaffirme son engagement à bâtir une nation résolument tournée vers la science, l’innovation et la modernité.
Tous ces établissements et services publics reçoivent aujourd’hui, chacun en ce qui le concerne, une lettre de mission, signée de la main du ministre de tutelle qui en attend une stricte observation pour le plus grand profit des utilisateurs des résultats de la recherche et du développement de notre pays, la République du Congo », a fait savoir le directeur de cabinet, Christian Aimé Kayath.
A cette occasion de la remise officielle des lettres de mission aux directeurs généraux, le ministre Rogobert Maboundou a rappelé les défis majeurs assignés à son Ministère.
« Le dernier réajustement de l’équipe gouvernementale du 10 janvier 2025 a donné l’occasion à Son Excellence Monsieur Denis Sassou Nguesso, Président de la République, Chef de l’Etat, de manifester clairement sa volonté politique d’autonomisation sectorielle de la recherche scientifique et de l’innovation technologique. Cette expérience, qui n’est pas à son premier coup d’essai, est aujourd’hui renouvelée dans un contexte particulier. Plus qu’auparavant, jamais la recherche développement n’a autant déterminé les progrès économiques, sociaux et militaires », a-t-il signifié.
« En effet, toute marchandise n’est jamais innocente. Elle porte en elle l’expression des connaissances et des savoirs de ceux qui la produisent à l’exportation. Le monde change. Il changera davantage avec les basculements qui sont en train d’être initiés par le 47ème Président élu des États Unis d’Amérique. La vision prospective du monde nous permet de dire que nous ne pouvons pas espérer que nous prendrons le train des bouleversements rapides du monde si nous ne changeons pas nous-mêmes.
Les statistiques suivantes, qui sont données au titre des indicateurs scientifiques en Afrique subsaharienne, à l’occasion des discussions relatives à la célébration, le 4 février 2025, de l’an IV de l’ouverture de l’Université Denis Sassou Nguesso, nous poussent à réfléchir à cette lourde vision. Ainsi, l’Afrique subsaharienne détiendrait : 2,4% seulement des scientifiques mondiaux ; 1% seulement de dépôt de brevets ; 4% seulement des publications ; 1% seulement du PIB pour le financement de la recherche ; 10% seulement des recherches menées dans les pays en développement ; 2% seulement des revues sur 3.000 dans les pays du Sud ; 9,1 millions d’étudiants seulement en 2020 et 22 millions attendus en 2027 ; 4,5% de taux de morbidité contre 2,4% de moyenne mondiale. Quelle catastrophe ! » s’est-il exclamé.
Au Congo, malgré la forte progression du niveau de formation moyen, les effectifs de la recherche scientifique sont en chute libre, sauf ceux des enseignants chercheurs des universités et ceux des chercheurs privés. Si cette tendance baissière n’est pas stoppée, le pays court le risque de compter un ministère chargé de la recherche scientifique sans chercheurs, autrement dit une coquille vide.
Néanmoins, de nombreux noms de jeunes congolais sont déjà le symbole de la capacité de notre avant-garde juvénile à s’approprier l’invention et l’innovation.
La chaine du processus de l’innovation au Congo souffre de l’incapacité structurelle à valoriser ses résultats, du défaut du soutien de l’Etat et de la protection des données.
Une réflexion nationale sur ces problèmes s’impose afin d’ouvrir à nos inventeurs et à nos innovateurs des perspectives de valorisation de leurs résultats à la hauteur de leur engagement individuel et collectif. Il s’impose également à nous de créer les conditions idéales à la vitalisation du sous-secteur de l’innovation.
Ces lettres de missions, outre la définition des missions à exécuter en dix mois, encouragent l’alignement sur les fondamentaux de la recherche scientifique, notamment la formation des chercheurs à la rédaction des projets, les publications, la digitalisation des services et l’évaluation.
VALDA SAINT-VAL /Les Echos du Congo-Brazzaville
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