Le Niger se retire de la force antijihadiste du lac Tchad : quelles conséquences ?

Le Niger claque la porte de la force antijihadiste du lac Tchad. En se retirant de la Force multinationale mixte, Niamey fragilise la coopération sécuritaire régionale face à Boko Haram et à l’État islamique en Afrique de l’Ouest.

Le Niger a annoncé son retrait de la Force multinationale mixte (FMM), une coalition militaire réunissant le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Niger pour lutter contre les groupes jihadistes actifs dans le bassin du lac Tchad. Cette décision, qui intervient dans un contexte de tensions régionales, suscite des interrogations sur l’avenir de la coopération antiterroriste dans cette zone stratégique.

Un retrait motivé par des priorités internes

L’armée nigérienne a justifié son départ de la FMM par la volonté de redéployer ses troupes vers la protection des infrastructures stratégiques du pays, notamment les sites pétroliers de la région de Diffa. Cette zone, frontalière du Nigeria, est régulièrement la cible d’attaques de groupes armés hostiles à Niamey, qui menacent l’oléoduc acheminant le brut nigérien vers le port béninois de Sèmè-Podji.

Les autorités nigériennes affirment que ce recentrage des efforts militaires est nécessaire face aux menaces croissantes pesant sur ses ressources énergétiques. Toutefois, certains observateurs estiment que cette décision traduit aussi les difficultés actuelles de l’armée nigérienne, qui a perdu 25 soldats en six semaines lors d’attaques attribuées à Boko Haram.

Un coup dur pour la coopération régionale

Ce retrait du Niger constitue un revers pour la FMM, qui repose sur la coordination des forces des quatre pays membres. L’absence de l’armée nigérienne affaiblit la stratégie régionale de lutte contre les groupes jihadistes, qui exploitent les frontières poreuses pour mener leurs attaques et se replier en territoire voisin.

De plus, cette décision risque de perturber les échanges d’informations entre les différents services de renseignement, limitant ainsi l’efficacité des opérations contre Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). En dépit des assurances de Niamey sur son engagement dans la lutte antijihadiste, cette rupture pourrait favoriser la réorganisation des groupes armés dans la région.

Des tensions diplomatiques en toile de fond

Ce départ intervient dans un climat diplomatique tendu entre le Niger et certains de ses voisins, notamment le Nigeria. Depuis le coup d’État militaire de juillet 2023, Niamey accuse Abuja d’abriter des forces étrangères prêtes à déstabiliser le pays, ce que les autorités nigérianes démentent fermement.

Malgré une tentative de rapprochement en août 2024, avec la reprise de la coopération militaire entre les deux pays, la décision du Niger de quitter la FMM révèle un climat de méfiance persistant. Ce contexte pourrait compliquer la mise en place d’une stratégie efficace contre la menace jihadiste, qui reste une préoccupation majeure pour l’ensemble de la région.

Quelles perspectives pour la lutte antijihadiste ?

Alors que la FMM perd un de ses piliers, les autres membres de la coalition devront revoir leur stratégie pour compenser cette défection. Le Nigeria, principal acteur militaire de la force, pourrait être contraint de renforcer sa présence dans le bassin du lac Tchad, au risque de diluer ses efforts sur d’autres fronts.

Pour le Niger, le défi sera d’assurer seul la sécurité de ses infrastructures stratégiques tout en continuant à lutter contre les groupes jihadistes. La capacité de Niamey à gérer cette double priorité sera un test décisif pour la stabilité du pays et de la région.

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