Le Nouveau-Brunswick est mal vendu aux touristes

Des voyagistes européens qui ont vendu le Nouveau-Brunswick comme destination touristique ont commis des erreurs importantes. Étonnant? Pas le moins du monde. Nous récoltons aujourd’hui le fruit des compressions imposées par le gouvernement Higgs depuis son arrivée au pouvoir.

À la suite du controversé voyage à Paris et à Londres de la ministre du Tourisme, Tammy Scott-Wallace, et de sa sous-ministre Yennah Hurley, le journaliste d’enquête Robert Jones, de la CBC, s’est intéressé sur la façon dont les voyagistes européens présentent les principales attractions touristiques de notre province. Ses découvertes sont révélatrices sur la façon dont notre province est perçue.

Les erreurs pullulent. Saint-Jean est à la fois présentée comme étant la capitale du Nouveau-Brunswick (au lieu de Fredericton) et la ville la plus populeuse (il s’agit en fait de Moncton).

Les touristes sont invités à visiter la tour Martello (fermée depuis huit ans en raison de travaux), le Musée du Nouveau-Brunswick (fermé depuis 2022 et au moins jusqu’en 2026) et même le zoo Cherry Brook, qui n’existe plus depuis quatre ans.

On dit de la ville de Moncton qu’elle est «connue pour son Colisée». Nous ne parlons pas ici du Centre Avenir, mais bien de l’édifice vieux d’un demi-siècle et qui n’a rien d’un attrape-touriste.

Le fait que d’importants voyagistes européens connaissent si mal le Nouveau-Brunswick ne devrait surprendre personne. Moncton n’est pas Paris. Le homard géant de Shediac n’a pas la force d’attraction que la tour Eiffel. Nos plages sont populaires, mais n’ont pas la même renommée que le Vieux-Québec, les chutes de Niagara ou le Parc national de Banff.

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick doit faire preuve d’efforts et de créativité pour tirer son épingle du jeu. Or, il a fait le contraire depuis l’arrivée au pouvoir des progressistes-conservateurs en 2018.

Lors du dépôt de son premier budget en 2019, le ministre des Finances Ernie Steeves a annoncé que l’enveloppe consacrée au tourisme passerait de 20,3 à 12,8 millions $, une diminution de presque 8 millions $ (ou 37%).

À l’époque, ce sont surtout la fermeture des bureaux touristiques et la fin de la publication du guide des Extravacances qui avaient retenu l’attention. Or, le gouvernement Higgs avait profité de l’occasion pour aussi supprimer les postes de responsables de la promotion touristique en France et en Angleterre.

Emmanuelle Winter était en place en France depuis 13 ans. Au moment où elle a été congédiée, le journal Le Monde venait de désigner le N.-B. comme la destination de l’année, grâce au travail de Mme Winter.

Cette ancienne employée de Tourisme Québec avait déployé de grands efforts pour mieux faire connaître notre province sur le Vieux continent. «On ne m’avait pas prévenue quand j’ai signé mon contrat que presque personne ici ne connaissait la province», confiait-elle à l’Acadie Nouvelle dans un article publié en 2010.

Elle était présente dans les salons touristiques, les foires commerciales et autres événements du genre. Elle organisait des visites guidées pour les journalistes français en Acadie, des promotions spéciales pour mieux faire connaître nos activités et plus encore. Un travail à long terme qui visait autant les touristes que les voyagistes pour qui la francophonie canadienne se limite au Québec.

Le gouvernement provincial peut bien sûr légitimement décréter qu’il n’est pas important d’investir dans la promotion du Nouveau-Brunswick à l’étranger. Or, ce n’est pas le message qu’il envoie ces derniers temps.

La sous-ministre Yenna Hurley a dépensé, au cours de la dernière année, plus de 20 000$ en chambres d’hôtel dans des lieux touristiques. Avec la ministre Tammy Scott-Wallace, elle a passé huit jours à Paris et à Londres à faire du tourisme aux frais des contribuables.

Selon Mme Scott-Wallace, des réunions ont eu lieu au cours de ce périple avec des voyagistes. «C’est incroyablement important», a-t-elle insisté. Mais pas suffisamment, semble-t-il, pour s’assurer que ces entreprises en connaissent un minimum à propos de notre province.

Insistons sur un point: tout cela était prévisible. Le succès d’une stratégie touristique se bâtit de longue haleine, pas à coups de voyages impromptus d’une ministre et de fonctionnaires dans des châteaux.

Le gouvernement Higgs navigue à courte vue. Parce qu’il a voulu économiser des dollars en 2019, il a grandement nui à notre industrie touristique pour les années à venir.

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