Si les poussières transportées par le vent sont radioactives, le niveau de radiations est trop bas pour être dangereux pour la santé. Mais le phénomène peut créer des risques à cause des particules fines.
C’est un nouveau voile orange qui vient recouvrir la France. Après avoir traversé la France début avril, un nuage de sable venu du Nord de l’Afrique doit survoler la Provence le 30 avril et le 1er mai. Les années précédentes, des traces de radioactivité avaient été détectées dans les particules tombées au sol. Est-ce encore le cas ? Et ces résidus radioactifs sont-ils dangereux pour la santé ?
Si la composition du nuage qui survole actuellement l’Hexagone n’est pas encore connue, il contient probablement des éléments radioactifs. C’était le cas lors des précédents épisodes de sable venu du Sahara, en 2021 et 2023. En effet, l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) avait détecté la présence de matières radioactives dans la poussière qui s’était abattue sur la France. L’IRSN n’a pas encore publié ses conclusions pour cette année, mais il s’attend à repérer des traces de matériaux radioactifs.
Si la poussière du Sahara est radioactive, c’est à cause des essais nucléaires dans les années 60. À l’époque, la France lâche plusieurs bombes atomiques dans le désert d’Afrique du Nord, en Algérie, afin de tester son arsenal. Le dernier largage aérien a lieu en 1961, avant le lancement de tests souterrains jusqu’en 1966, toujours dans le sud de l’Algérie, puis le déplacement de ces opérations en Polynésie française. Selon l’IRSN, les essais nucléaires réalisés par d’autres pays ailleurs dans le monde à la même période sont aussi responsables de la contamination du sable saharien. Les restes de radiations peuvent être facilement portés par le vent vers les populations, alors que plus de 55% des émissions de poussières désertiques dans le monde viennent du Sahara.
Les années précédentes, l’élément radioactif présent dans le sable aéroporté était le Cesium 137, aussi présent après l’explosion du réacteur de Tchernobyl. Il peut entraîner des atteintes du système immunitaire, des troubles neurologiques et des malformations congénitales, en plus des tumeurs, en cas de contact avec des doses trop élevées. Dans le pire des cas, si la dose dépasse les 1000 millisievert par an, alors que la dose annuelle de radioactivité reçue en France est de 4,5 millisievert par personne, la victime risque de décéder dans « les semaines ou les mois » qui suivent, explique l’IRSN.
Cependant, pas d’inquiétude à avoir selon l’institut, puisque la dose de Césium 137 détectée dans les nuages de sable de 2021 et 2023 était « négligeable ». En effet, en 2021, la plus forte dose de radioactivité mesurée en France lors du passage du nuage de sable était au moins 73 fois plus faible que celle enregistrée au même endroit, au moment de l’accident nucléaire de Fukushima, en 2011. À l’heure actuelle, l’IRSN n’a pas encore publié ses conclusions pour l’épisode de 2024, mais l’organisation s’attend à des niveaux de radiation « très faibles et sans impact sur la santé. »
Mais les particules de sables portées par le vent peuvent aussi être dangereuses car elles sont de très petites tailles, et peuvent gêner la respiration. C’est notamment le cas chez les personnes âgées, les patients allergiques ou souffrants d’asthme, mais aussi chez ceux n’ayant pas de problème de santé particulier. Il y a un mois, lorsque les poussières du Sahara ont survolé la France, la préfecture de la région Paca avait ainsi passé le département des Bouches-du-Rhône en alerte de niveau 2 aux particules fines. Un seuil qui s’accompagne de limitation de vitesse sur les routes, ou de l’arrêt des épandages par exemple, mais aussi de recommandation pour limiter les activités physiques et les sorties.
Si ces épisodes de sable désertique semblent se répéter ces dernières années, il n’y a pas « de tendances générales démontrées sur les dernières décennies en France », explique Météo France. Dans l’Hexagone, ces événements sont dus aux « conditions de grandes échelles » (anticyclone, dépression), et il n’y a pas de consensus scientifique pour savoir si ces remontées de sable vont se multiplier dans le futur.
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