le Parlement adopte un projet de loi criminalisant l’homosexualité

C’est un nouvel exemple de l’avancée des idées homophobes en Afrique et le fruit d’une croisade menée sans relâche par les missionnaires évangéliques américains sur ce continent.


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Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, lors de l'Assemblée de l'Union africaine, en Éthiopie, le 17 février 2024. (MICHELE SPATARI / AFP)

Au Ghana, le 28 février 2024, un projet de loi criminalisant la communauté LGBT+ a été largement adopté par le Parlement. Le texte prévoit notamment jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour une personne se livrant à une activité homosexuelle et 10 ans pour tout acte de promotion de l’homosexualité. Il ne manque que la signature de Nana Akufo-Addo, le président ghanéen, pour que cette loi entre en vigueur.

Un président bien embarrassé, qui a d’ailleurs gagné un peu de temps en renvoyant le texte sur le bureau de la Cour Suprême pour savoir s’il devait être promulgué. Le président se retrouve pris au piège, car c’est une année d’élection et qu’il a toutes les chances de les remporter. Mais s’il ne valide pas le projet de loi, tout pourrait se compliquer, car il a été voté à une large majorité par les représentants du peuple. Et s’il le signe, il pourrait priver le pays de près de 3,5 milliards d’euros de financement de la Banque mondiale. Cette sanction est prévue par les institutions contre les pays votant des lois discriminatoires. C’est le cas par exemple de l’Ouganda où, depuis 2023, l’homosexualité est un délit passible de la peine de mort.

Pourtant, l’Ouganda bénéficie toujours de l’aide du Fonds monétaire international, selon le député ghanéen Sam Georges, à l’origine du texte anti-homosexualité au Ghana. En réalité, les aides financières déjà validées n’ont pas été retirées, mais l’Ouganda sera bien sanctionné. La Banque mondiale a confirmé qu’elle n’accorderait, à l’avenir, plus aucun prêt au pays. Face à la presse au Ghana, Sam Georges ne recule devant rien. « Le centre de contrôle et de prévention des maladies nous dit que les homosexuels sont quatre fois plus suicidaires. 

« Le jeune homme qui est entré récemment dans une école aux États-Unis pour tuer 22 enfants était transgenre, tout ce drame à cause d’une maladie mentale. »

Sam Georges, député ghanéen

franceinfo

« Regardez en Afrique, quel pays a le plus haut taux de criminalité ? L’Afrique du Sud. Pourquoi ? Parce qu’ils ont adopté l’homosexualité en pensant que c’était un facteur de croissance », déclare-t-il, alignant les approximations et les fausses informations, pour défendre son projet anti-LGBT+.

Près de 50 millions d’euros envoyés par des groupes évangéliques

Ce genre de contrevérités trouve écho dans de plus en plus de pays sur le continent africain. Il suffit de se pencher sur la carte qui recense les pays où l’homosexualité est illégale. Au total, il y en a 66 et la moitié se trouve sur le continent africain. C’est le fruit d’une croisade menée sans relâche depuis plusieurs décennies, par des centaines de groupes conservateurs évangéliques américains. Une bataille culturelle détaillée dans un documentaire du New York Times, « Le Gospel de l’intolérance ». Entre 2007 et 2018, près de 50 millions d’euros ont été envoyés en Afrique par une vingtaine de groupes évangéliques ultra-conservateurs américains. Et parmi les cibles prioritaires figure le Ghana, où un sommet mondial sur « la famille naturelle » a été organisé en 2019.


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