L’architecture en pierres sèches du pays shabè, dans le département des Collines, au centre du Bénin, a retenu l’attention du jury d’un concours international organisé récemment en Italie. Une photographie de cette architecture soumise par l’archéologue Nestor Labiyi a remporté le premier prix de la meilleure photo dans la catégorie libre.
Le Bénin est un pays aux potentialités culturelles et historiques énormes, mais qui restent encore en grande partie peu connues du grand public. Des disciplines comme l’archéologie ont la particularité de contribuer à la diffusion de ce patrimoine qu’il soit encore visible ou enfoui dans les profondeurs de la terre.
C’est justement le cas des constructions en pierres sèches du site Etoo de Yaoui – qui se trouve à Kilibo, un arrondissement de la commune de Ouèssè et situé à 327 km au nord de Cotonou –, dont une photo a été présentée par le Docteur Nestor Labiyi, archéologue, enseignant-chercheur à l’Institut national des métiers d’arts, d’archéologie et de la culture (INMAAC) de l’Université d’Abomey-Calavi, dans la catégorie libre à un concours. Celui-ci a été organisé, en juin dernier, par le Centre interdépartemental de recherche pour l’étude des techniques traditionnelles du Bassin méditerranéen de l’Université Federico II de Naples (Italie) et le Centre universitaire européen pour les biens culturels.
Des architectures en pierres sèches
Caractéristiques de plusieurs régions du Bénin particulièrement le Moyen-Bénin et le Nord-Ouest du pays, les architectures en pierres sèches sont des « constructions édifiées à l’aide de blocs de roche ou de pierres, sans l’usage d’aucune sorte de liant (terre pétrie, argile, etc.) », nous explique Docteur Barpougouni Mardjoua, archéologue et membre de l’équipe de recherche ayant travaillé sur le site Etoo de Yaoui.
Le concours de photographie n’était en réalité que l’une des activités d’un séminaire co-organisé par les deux centres précités sous le thème : « Les constructions en pierres sèches : connaissances et technologies d’un savoir-faire à transmettre ». Tenu le 11 juin 2024 à Vico Equense en Italie, le séminaire a connu la participation d’une centaine de chercheurs provenant de diverses institutions universitaires réparties en Europe et en Afrique.
Un travail d’équipe
À cet important rendez-vous scientifique, une équipe d’archéologues béninois – Nestor Labiyi, Barpougouni Mardjoua, Elie Affouda de l’Université d’Abomey-Calavi – et burkinabè – Hantissié Hervé Farma, Lassané Toubga de l’Université Joseph Ki-Zerbo – a présenté une communication originale sur les architectures en pierres sèches du Moyen-Bénin et de l’Atacora.
En plus de la communication, les membres de l’équipe d’archéologues avaient la possibilité de participer individuellement au concours de photographie organisé sur le thème du séminaire avec des images prises personnellement. C’est ainsi que le Docteur Labiyi a soumis la photo du site Etoo de Yaoui, extraite de la communication, dans la catégorie libre. Cette photo convainc le jury qui lui décerne le premier prix.
Nestor Labiyi incite « les jeunes chercheurs à se constituer en équipes pluridisciplinaires dans le cadre de leurs recherches »
L’esprit d’équipe dans la conduite des projets de recherche, c’est ce que les lauréats béninois de ce prix ont tous voulu promouvoir, en exprimant leurs premières impressions à la suite de l’annonce de la bonne nouvelle. « Comme premières impressions, nous tenons d’abord à remercier les organisateurs de ce concours auquel tout chercheur pouvait participer librement », a commencé Nestor Labiyi.
Avant d’enchaîner : « Ensuite, cette victoire est le résultat d’un travail en équipe, et nous en profitons pour inciter les jeunes chercheurs à se constituer en équipes pluridisciplinaires dans le cadre de leurs recherches. Car, il est difficile, voire impossible, de mener une bonne recherche scientifique tout en restant cloisonné dans son domaine et dans sa spécialité ».
« Couronnement qui incite au travail bien fait »
Chez Barpougouni Mardjoua, les sentiments de satisfaction et de reconnaissance envers les membres de l’équipe se côtoient. « C’est une satisfaction totale et une profonde reconnaissance envers les autres membres de l’équipe. C’est l’implication de tous les autres membres qui a permis l’obtention du prix. Voilà pourquoi je réitère mes profondes reconnaissances à tous les membres de cette équipe que nous constituons », nous a-t-il confié.
Et Elie Affouda d’ajouter : « Mes impressions sont bonnes. J’ai un sentiment de fierté et de satisfaction morale face à ce couronnement qui incite au travail bien fait. Je suis fier d’avoir travaillé aux côtés de chercheurs dont les mérites transcendent désormais les limites des frontières nationales. Cette distinction témoigne de leurs capacités intellectuelles et présage d’un avenir meilleur pour la recherche scientifique ».
De bonnes perspectives pour les jeunes chercheurs
Plus jeune membre de l’équipe, Elie Affouda n’a pas manqué de témoigner sa gratitude à ses aînés : « Je terminerai mes propos par un mot de remerciement à l’endroit de ces aînés qui me tiennent la main et dirigent mes pas dans la recherche ».
Il ne fait pas de doute que ce prix, hautement significatif pour le patrimoine culturel béninois, augure effectivement de bonnes perspectives pour les jeunes chercheurs des universités d’Abomey-Calavi et Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. La communication présentée par Dr Nestor Labiyi et ses collègues fera bientôt l’objet de publication dans un numéro spécial d’une revue scientifique internationale.
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