Ce lundi midi, dans le port de Saint-Jean-de-Luz, le navire de pêche « Hunekin Aski » figurait bien à quai. « Ce bateau, c’était son petit bijou, soutient Jean-Yves Elissalde, président des Marins-pêcheurs professionnels de l’Adour maritime. Après l’avoir acheté il y a quelques années, il l’avait retapé et l’entretenait très bien ». « Il est stationn…
Ce lundi midi, dans le port de Saint-Jean-de-Luz, le navire de pêche « Hunekin Aski » figurait bien à quai. « Ce bateau, c’était son petit bijou, soutient Jean-Yves Elissalde, président des Marins-pêcheurs professionnels de l’Adour maritime. Après l’avoir acheté il y a quelques années, il l’avait retapé et l’entretenait très bien ». « Il est stationné en face de mon bureau, je le vois régulièrement, ajoute à son tour Jean-François Irigoyen, le maire luzien. Lui aussi, je le voyais régulièrement… »
Victime d’une crise cardiaque sur son embarcation, Dominique Alsuguren, dit Popof, est décédé ce samedi 6 juillet. « Il était parti tôt pour pêcher avec Jean-Marc Esteban, son ami de toujours, relate l’aumônier Mikel Epalza. Jean-Marc est un homme très consciencieux, il a fait tout ce qu’il a pu pour le sauver à bord. Il a également appelé les secours, malheureusement, lorsque l’hélico est arrivé, c’était déjà trop tard. Ça me touche parce qu’il avait 55 ans. » Un âge, où les marins pêcheurs peuvent partir à la retraite. « Popof, c’était un dur, il s’est toujours accroché à son métier. C’était un gars unique qui disait ce qu’il pensait tout fort. »
C’était un dur. Il s’est toujours accroché à la pêche. C’était un gars unique qui disait ce qu’il pensait tout fort. »
« Il avait du caractère et beaucoup de cœur, poursuit Jean-François Irigoyen. C’était quelqu’un de très connu sur le port, comme toute sa famille d’ailleurs, qui est issue du milieu de la pêche. Son père était armateur, son frère est également pêcheur tandis que son autre frère, qui a pris la retraite, a travaillé à la coopérative La Basquaise », énumère l’élu.
Des collègues abattus
« C’était vraiment une figure locale, s’exclame Serge Larzabal, président du Comité interdépartemental (Pyrénées-Atlantiques et Landes) des pêches maritimes et des élevages marins. Il a commencé très jeune, comme mousse, vers 14 ans, voire avant », lâche-t-il.
Au port de Saint-Jean-de-Luz, ses collègues le pleurent. L’émotion est vive. « Depuis samedi soir », rappelle Serge Larzabal. « On est encore tous sous le choc, lâche Jean-Yves Elissalde. C’est vrai que l’annonce a mis un grand coup derrière la tête à tout le monde. Nous sommes tous dans le même état : abattus. Dominique était prêt à donner un coup de main à n’importe qui. C’est une page qui se tourne : le port sans Popof, ça ne sera plus le port », déplore celui qui le côtoyait depuis près de quarante ans.
« On se connaissait depuis nos 15 ans : on a navigué et fait du sport ensemble, se remémore Jean-Yves Elissalde. Lorsque nous nous sommes revus une dizaine d’années après avoir personnellement changé de cap, on s’est retrouvé comme si on s’était quitté la veille. Je me souviens aussi de ses légendaires coups de sang, où il arrivait à se mettre en colère en trois minutes avant que ça ne retombe dix minutes plus tard. »
Tandis que Jean-Marc Esteban a ramené le « Hunekin Aski » au port luzien, dans la nuit de samedi à dimanche, le vague à l’âme, Mikel Epalza est parti ce lundi à Santander, avec un de ses frères et son neveu. « On a fait toutes les démarches » pour que le corps soit rapatrié dans les jours qui suivent. « Popof est mort dans l’élément qu’il aimait le plus et en faisant ce qui le passionnait le plus. » Dominique Alsuguren laisse derrière lui un fils de 12 ans.
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