En Côte d’Ivoire, la question de l’inscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale déchaîne les passions.
Depuis la publication de la liste provisoire par la Commission électorale indépendante (CEI), le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) monte au créneau pour exiger la réintégration de son leader. Radié en raison d’une condamnation judiciaire, l’ancien président ivoirien est pourtant désigné comme candidat à la prochaine élection présidentielle par son parti. Une bataille politique qui s’annonce houleuse.
Des irrégularités dénoncées par le PPA-CI
Lors d’une conférence de presse tenue le mardi 18 mars, le PPA-CI a soulevé plusieurs dysfonctionnements dans l’établissement de la liste électorale. Selon Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du parti, cette liste comporte de nombreux électeurs fictifs, des personnes décédées et des cas d’usurpation d’identité. Face à ces anomalies, le PPA-CI entend déposer des réclamations massives pour rétablir la transparence du processus électoral.
Mais l’enjeu principal reste l’absence du nom de Laurent Gbagbo sur cette liste. Pour le PPA-CI, cette exclusion est une manœuvre politique visant à écarter un adversaire de poids. Le parti affirme avoir tenté d’engager un dialogue avec le gouvernement à travers plusieurs correspondances restées sans réponse. Une situation qui renforce les doutes quant à l’impartialité de la CEI.
Un bras de fer juridique et politique
Malgré sa radiation, Laurent Gbagbo reste le « seul et unique candidat » du PPA-CI, selon Sébastien Dano Djédjé. Le parti compte utiliser toutes les voies de recours légales pour obtenir sa réinscription sur la liste électorale. Il rappelle que la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples avait déjà ordonné en 2020 la levée des obstacles à sa participation aux élections. Une injonction restée lettre morte jusqu’à présent.
Le PPA-CI n’est pas le seul à contester la liste électorale. Deux autres figures emblématiques de la politique ivoirienne, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, ont également été exclus du processus électoral. Ces exclusions successives alimentent les critiques contre la CEI, accusée de favoriser un camp au détriment d’un scrutin équitable.
Vers une escalade des tensions politiques ?
Le refus de la CEI de réviser la liste électorale risque d’attiser les tensions à l’approche de la présidentielle prévue en octobre. Le PPA-CI a déjà annoncé la suspension de ses missions de terrain et appelé ses militants à se mobiliser pour la candidature de Laurent Gbagbo. Une stratégie qui pourrait mener à une confrontation avec les autorités.
De son côté, le président Alassane Ouattara, bien que n’ayant pas encore annoncé sa candidature, reste en position de force. Son parti, le RHDP, bénéficie d’un appareil étatique bien en place et d’un soutien institutionnel qui pourrait peser sur le déroulement du scrutin.
En l’état actuel, la situation politique ivoirienne demeure incertaine. L’issue de ce bras de fer dépendra des décisions de la CEI et des recours légaux engagés par le PPA-CI. Une chose est sûre : la bataille pour la candidature de Laurent Gbagbo ne fait que commencer.
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