Le (relatif) satisfecit de l’agence Fitch sur l’économie du Bénin

A près d’un an de l’élection présidentielle, l’agence de notation confirme la notation  « B+ » du pays assortie d’une perspective stable et livre une appréciation plutôt positive sur les perspectives de croissance et de désendettement.

L’agence de notation Fitch Ratings a confirmé, le 21 février dernier, la note souveraine de défaut de l’émetteur à long terme du Bénin à « B+ » avec une perspective « stable ». Cette notation place comme le passé le pays dans la catégorie « Très spéculatif » (« non-investment grade ») concernant sa dette souveraine, comme la plupart des pays africains, à de rares exceptions près comme Maurice.
Le commentaire de l’agence basée à New York reflète toutefois une appréciation assez bonne de l’économie béninoise. Fitch anticipe ainsi « de solides perspectives de croissance, soutenues par un bilan de réformes structurelles, qui devraient contribuer à une diversification progressive« .
Au plan de la politique économique du gouvernement du président Patrice Talon, Fitch note aussi que  » l’engagement historique en faveur de la réduction du déficit budgétaire, ancré par un programme du FMI et une gestion proactive de la dette, est susceptible de faire baisser progressivement le rapport dette/PIB « .
Le Bénin est, en effet, actuellement sous programme du FMI, et, à ce titre, le pays et l’institution multilatérale sont parvenus à un accord mi-octobre 2024 sur la revue des divers mécanismes de soutien dont bénéficie le Bénin. L’accord du FMI, formalisé le 17 décembre 2024, se félicite (tout comme Fitch) de l’objectif principal du budget 2025, à savoir un déficit budgétaire de 3% du PIB aligné sur la norme communautaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

La réduction du déficit et la forte croissance du pays doivent entraîner une baisse de la dette publique de 53,6 % du PIB en 2024 à 51 % en 2026, estime l’agence américaine. Concernant la structure de la dette, celle-ci reste favorable, selon le commentaire de Fitch. En effet, 60 % de l’encours de dette extérieure à fin 2024 est concessionnel, contribuant à un taux d’intérêt moyen pondéré inférieur à 3,50 %. De plus, 27 % de la dette publique est libellée en francs CFA et 53 % en euros (…), ce qui contribue à limiter le risque de change.

Fitch s’attend à ce que la croissance du PIB réel reste supérieure à 6,5 % jusqu’en 2026 (6,7 % en 2024), tirée par une augmentation de la production agricole, de la construction et de l’expansion de l’agro-industrie et du textile. Le FMI, pour sa part, dans ses dernières prévisions, table sur une croissance de 6,4% sur fond de faible inflation (2%). Selon l’agence de notation. « Les investissements publics dans de grands projets d’infrastructure, combinés aux réformes structurelles, contribuent également à de solides perspectives de croissance du PIB réel « . De même, relève Fitch, l’économie béninoise s’est montrée résiliente aux chocs extérieurs, notamment la fermeture de la frontière avec le Niger et la volatilité économique au Nigeria, même si cela pèse sur les performances du port de Cotonou. Fitch va même jusqu’à indiquer que ses prévisions de croissance pour le pays comptent parmi les plus élevées parmi les pays notés par l’agence, bien au-dessus de la médiane « B » de 4 % en 2025 et de 4,7 % en 2026.

En termes sectoriels, Fitch prévoit  » une poursuite de la diversification progressive de l’économie et des recettes d’exportation, avec des projets clé tels que l’expansion du port de Cotonou, qui vise à le positionner comme un pôle régional et la zone industrielle de Glo-Djigbé, contribuant à une transition progressive vers des produits à plus forte valeur ajoutée « . Illustration de cette tendance à la diversification : la part des recettes d’exportation du coton (dont le Bénin est deuxième producteur en Afrique, derrière le Mali) est passée de 70 % des exportations totales en 2021, à seulement 48% en 2023.

Du côté des facteurs négatifs, Fitch relève  » la faiblesse des indicateurs de développement par rapport à ses pairs, une économie relativement petite, dépendante du commerce avec le Nigeria et un niveau élevé d’informalité qui limite les recettes publiques« . De plus, les risques liés aux tensions régionales et potentiellement à la transition politique pèsent également sur la note de Fitch. L’approche de l’élection présidentielle d’avril 2026 peut, en effet, présenter certains risques de dérapage budgétaire, selon l’agence.

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