Le rôle de la stratégie énergétique du Sénégal dans le développement de l’agriculture

Le premier gaz du projet offshore Grande Tortue Ahmeyim (GTA) de bp et Kosmos Energy devrait être disponible d’ici la fin de l’année 2024. Cette augmentation de l’approvisionnement en gaz naturel devrait avoir un double impact : rendre l’énergie plus abordable tout en améliorant la productivité agricole grâce à une meilleure accessibilité et production d’engrais.

L’agriculture est un indicateur important de l’économie sénégalaise, représentant environ 16 % du PIB et fournissant 30 % de l’emploi total. En mai 2024, le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a souligné que la priorité absolue de son gouvernement est de développer davantage l’agriculture pour atteindre la souveraineté alimentaire. Le président Faye souhaite augmenter les investissements dans ce secteur, car actuellement, le Sénégal dépend des importations pour environ 70 % de ses besoins alimentaires. De plus, le président a exprimé son engagement à réduire les prix des engrais afin de les rendre plus accessibles aux agriculteurs.

La stratégie de conversion du gaz en électricité du Sénégal peut considérablement renforcer les ambitions agricoles du pays. Plusieurs projets de centrales électriques alimentées au gaz ajouteront plus d’énergie au réseau national en utilisant du gaz domestique. La centrale électrique de 255 MW de Saint-Louis, extensible à 500 MW, et la centrale électrique de 366 MW de Cap des Biches, dont le démarrage est prévu en 2025, seront alimentées par le gaz du champ GTA. La centrale électrique de 360 MW de Sandiara, qui utilisera le gaz associé du projet pétrolier Sangomar de Woodside ou le gaz naturel du projet Yakaar Teranga de Kosmos Energy, devrait être opérationnelle d’ici 2026. Ces initiatives s’alignent avec le Plan Sénégal Émergent (PSE), qui vise à réduire les coûts de l’électricité d’ici 2035.

La réduction des coûts énergétiques peut stimuler des projets agricoles à grande échelle comme les Agropoles, cinq zones de transformation agro-industrielle incluses dans le PSE, réparties à travers le Sénégal selon les spécialités régionales de culture. Le projet Agropole Sud, avec 55 % des travaux réalisés, devrait être le premier à ouvrir en octobre 2024, spécialisé dans la production de mangues et de noix de cajou. Agropole Centre, dont le lancement est prévu en 2025, comprendra des fermes et des usines de transformation de cacahuètes et de céréales. Agropole Ouest se concentrera entièrement sur la production de bétail, de volaille et de produits laitiers.

De plus, le développement du secteur agricole sera accéléré par la production d’engrais. Le gaz naturel est la matière première principale pour la synthèse de l’ammoniac, un composant clé des engrais azotés, que le Sénégal importe actuellement en totalité. En mai 2024, la compagnie pétrolière nationale Petrosen a achevé l’étude de faisabilité pour son projet de Société des Engrais du Sénégal (SEFCO). Ce projet vise à utiliser le gaz domestique pour atteindre l’autosuffisance en production d’urée et mieux utiliser ses ressources en phosphate en formulant des engrais NPK mixtes – des engrais chimiques contenant de l’azote, du phosphore et du potassium.

SEFCO prévoit de produire environ 100 000 tonnes d’urée par an et pourrait être opérationnelle d’ici 2029. À terme, Petrosen vise à approvisionner les marchés de la sous-région ouest-africaine, ainsi que l’Europe, les États-Unis et le Brésil – deux des plus grands importateurs mondiaux d’urée. L’usine de SEFCO capturera également près de 17 millions de tonnes de dioxyde de carbone sur ses trente années d’exploitation, utilisant des technologies pouvant être appliquées dans l’industrie agroalimentaire. Cette initiative favorise un cycle vertueux d’innovation, d’efficacité énergétique et de développement agricole dans le pays.

La stratégie du Sénégal d’exploiter le gaz naturel pour développer l’agriculture présente des opportunités d’investissement prometteuses pour les investisseurs nationaux et internationaux. Le gouvernement a mis en place des politiques et des incitations favorables, y compris des réductions d’impôts et l’accès au financement. De plus, la proximité du Sénégal avec les marchés européens offre un avantage significatif pour les opportunités d’exportation. La conférence MSGBC Oil, Gas & Power 2024 à Dakar, du 3 au 4 décembre, mettra en lumière les projets énergétiques clés et connectera les investisseurs avec les parties prenantes locales.

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