Le Sénégal entre dans le cercle fermé des producteurs de pétrole

C’était une promesse du nouveau président Bassirou Diomaye Faye. Pour la première fois, mardi, le Sénégal a extrait du pétrole au large de ses côtes, faisant ainsi son entrée dans le cercle fermé des pays producteurs d’hydrocarbures. L’annonce a été faite par la compagnie australienne Woodside Energy qui exploite le champ de Sangomar.

Ce champ se situe en eaux profondes, à environ 100 km au sud de Dakar, avec des réserves estimées de pétrole brut d’environ 630 millions de barils. La phase initiale de Sangomar consiste en une unité flottante de production et de stockage reliée à des infrastructures sous-marines conçues en prévision de phases ultérieures de développement. Elle comprend 23 puits, dont 11 de production, 10 d’injection d’eau et 2 d’injection de gaz, indique Woodside. Vingt et un puits sont achevés à ce stade.

Nouveau projet à venir

Le projet, dont le développement a été lancé en 2020, a nécessité environ 5 milliards de dollars d’investissements, selon la compagnie. Celle-ci vise une production de 100.000 barils par jour. « Woodside a procédé à la première extraction de pétrole du champ de Sangomar, menant à bien la livraison du premier projet pétrolier offshore du pays », s’est réjoui, dans un communiqué, la compagnie australienne, qui opère le champ avec la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen).

Cette première extraction de Sangomar précède l’entrée en production d’un autre projet, celui de Grand tortue/Ahmeyim (GTA), à la frontière avec la Mauritanie, développé par le Britannique BP avec l’américain Kosmos Energy, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) et Petrosen. Il devrait produire environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an et la production pourrait y débuter au troisième trimestre. L’offre de pétrole et de gaz sera destinée à l’exportation et à la consommation domestique.

Une manne pour l’économie

Pour le Sénégal, cette première extraction sur le champ de Sangomar marque un véritable tournant. Le pays sera, certes, loin d’atteindre les niveaux des géants mondiaux du pétrole. A titre de comparaison, le Nigeria et la Libye, premières puissances pétrolières du continent africain, ont pompé en mai dernier respectivement 1,41 et 1,17 million de barils par jour. Très loin derrière l’Arabie saoudite, qui en produit 9 millions par jour, selon les derniers chiffres de l’Opep.

Néanmoins, pour Dakar, des revenus en milliards d’euros sont attendus, ainsi qu’une transformation accélérée de l’économie. La découverte de vastes gisements de pétrole et de gaz dans l’Atlantique en 2014 avait soulevé des espoirs considérables dans le pays et les revenus attendus du gaz et du pétrole sont chiffrés par Petrosen à une moyenne annuelle de plus d’un milliard d’euros sur une période de trente ans.

« Le début de l’extraction du champ de Sangomar marque le commencement d’une nouvelle ère, non seulement pour l’industrie et l’économie de notre pays, mais surtout pour notre peuple », a confirmé mardi le directeur général de Petrosen, Thierno Ly, dans le communiqué de Woodside.

Revoir les contrats

Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, élu en mars dernier , a lui aussi évoqué le sujet mardi, en marge d’une rencontre avec des écoliers de la banlieue de Dakar : « l’Etat du Sénégal a mis en place un fonds intergénérationnel. Pour votre génération et celles à venir, nous avons réservé des parts (dans les ressources tirées de l’exploitation du pétrole). Nous vous rassurons. Si vous apprenez que le Sénégal a du pétrole et du gaz, (sachez que) ses parts seront bien gérées », a-t-il déclaré.

En avril, le chef de l’Etat avait annoncé, parmi ses premières mesures, un audit du secteur minier, gazier et pétrolier. Son Premier ministre et ancien mentor, Ousmane Sonko, a réaffirmé dimanche dernier sa volonté de revoir les contrats. « C’est nous qui vous avions promis qu’on allait renégocier les contrats et nous allons le faire, et on a même déjà commencé », a-t-il déclaré à Dakar devant les jeunes de son parti.

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