L’idée d’un mandat d’arrêt contre Cellou Dalein Diallo, ex-Premier ministre guinéen et opposant politique actuellement en exil, reste d’actualité. Lors d’une conférence de presse tenue le 21 mars, le procureur spécial près la Cour de Répression des infractions économiques et financières (CRIEF), Aly Touré, a évoqué cette possibilité dans le cadre du dossier sensible lié à la vente d’Air Guinée.
Bien qu’aucune décision immédiate n’ait été prise, le procureur a précisé que tout dépendra des résultats d’une commission rogatoire en cours. Il a souligné que ce mandat pourrait effectivement être lancé, ajoutant : « On peut bien juger ce dossier sans la présence de M. Cellou Dalein Diallo ».
Mais sur le plan juridique, que signifie une telle menace, notamment vis-à-vis d’un homme en exil ? Pour y répondre, un juriste contacté a expliqué que les marges de manœuvre de l’État guinéen au-delà de ses frontières sont limitées. « Un mandat d’arrêt national n’a d’effet que sur le territoire national. Au-delà, tout dépend de la coopération judiciaire entre États », précise Kalil Camara.
Il ajoute également que tous les mandats d’arrêt ne se valent pas. « Un mandat pour détournement ou corruption ne suscite pas toujours l’intérêt des pays partenaires. Ce n’est pas comparable à un crime de guerre ou à une affaire traitée par la Cour pénale internationale », précise le juriste.
Selon certains observateurs, la montée en puissance de la menace d’un mandat d’arrêt semble davantage relever de la pression politique que d’une véritable menace juridique à court terme. Pour Kalil Camara, l’applicabilité d’un tel mandat semble improbable. « Je ne vois pas le Sénégal, par exemple, livrer un leader politique comme Cellou Dalein Diallo à la Guinée pour ce genre d’affaire », conclut-il.
Lamine Camara
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