Le Soudan accuse les Emirats arabes unis de « complicité de génocide » devant la Cour internationale de justice

Dans une requête déposée devant la Cour internationale de justice (CIJ), le Soudan affirme que les Emirats arabes unis se rendent complices d’un génocide en raison de leur soutien présumé aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a annoncé la cour dans un communiqué, jeudi 6 mars. Khartoum soutient que les Emirats sont « complices du génocide des Masalit [une ethnie soudanaise] en raison de leurs directives et de leur soutien financier, politique et militaire considérable à la milice rebelle FSR ».

« Les Emirats arabes unis alimentent la rébellion et soutiennent la milice qui a commis le crime de génocide au Darfour-Occidental », est-il écrit dans la requête du Soudan. Les Emirats arabes unis, qui ont nié à plusieurs reprises soutenir les FSR, ont aussitôt dénoncé la requête comme un « coup de communication cynique », demandant son « rejet immédiat ».

Le conflit qui oppose, depuis avril 2023, l’armée soudanaise aux paramilitaires des FSR a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de douze millions de personnes et engendré un désastre humanitaire.

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Accusations jugées « crédibles » d’armement des FSR

Le Soudan a appelé la CIJ, qui arbitre les différends entre pays, à émettre des ordonnances d’urgence – des « mesures provisoires » dans le vocabulaire de la cour – notamment pour forcer les Emirats arabes unis à payer des réparations. « Les Emirats arabes unis doivent réparer intégralement le préjudice causé par leurs actes internationalement illicites, notamment en indemnisant les victimes de la guerre », a affirmé le Soudan dans sa requête.

Les décisions de la CIJ sont juridiquement contraignantes, mais la cour n’a pas le pouvoir de les faire appliquer. Elle a, par exemple, ordonné à la Russie de stopper ses opérations militaires en Ukraine quelques semaines seulement après l’invasion, sans succès. Mais Khartoum a exhorté la cour à agir rapidement « pour assurer la protection urgente et la plus complète possible de la population civile soudanaise, qui reste exposée à un risque grave et immédiat de poursuite et de nouveaux actes de génocide ».

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Le Soudan accuse les FSR de « génocide, meurtre, vol de biens, viol, déplacement forcé, intrusion, vandalisme de biens publics et violations des droits de l’homme ». Le pays ajoute que ces actes ont été « perpétrés et rendus possibles par le soutien direct apporté par les Emirats arabes unis à la milice rebelle des FSR et aux groupes de milices apparentés ». Le Soudan accuse les Emirats arabes unis de manquer à leurs obligations en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948 des Nations unies « en tentant de commettre un génocide, en conspirant pour commettre un génocide, en incitant au génocide, en se rendant complices d’un génocide et en ne prévenant et en ne punissant pas le génocide ».

Des experts des Nations unies ont déclaré que les accusations selon lesquelles les Emirats arabes unis auraient acheminé des armes aux FSR via le Tchad étaient « crédibles ». Les Emirats ont promis aux Etats-Unis en décembre qu’ils n’armeraient pas les FSR. En échange, des parlementaires devraient mettre fin à leur tentative de bloquer des ventes d’armes à cette puissance du Golfe, estimées à 1,2 milliard de dollars. En janvier, ces parlementaires ont déclaré que les Emirats arabes unis avaient rompu leurs promesses et continuaient de fournir des armes aux paramilitaires soudanais.

Le Monde avec AFP

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