Le Soudan du sud sous pression : Washington révoque les visas avec Juba


C’est une décision sans précédent que vient de prendre l’administration Trump : la révocation, avec effet immédiat, de l’ensemble des visas détenus par les ressortissants du Soudan du Sud. Dans un communiqué publié samedi 5 avril, le secrétaire d’État Marco Rubio a justifié cette mesure par le refus de Juba de coopérer au retour de ses citoyens sous le coup d’une expulsion.

« Tout pays doit accepter de reprendre promptement ses citoyens lorsqu’un autre pays, y compris les États-Unis, veut les expulser », a martelé le chef de la diplomatie américaine. En conséquence, non seulement les visas existants sont désormais invalides, mais aucun nouveau visa ne sera délivré aux ressortissants du pays d’Afrique de l’Est, tant que le gouvernement de transition ne se montrera pas « pleinement coopératif ». Une première contre un pays non musulman, depuis le retour au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier dernier.

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Une mesure qui rappelle le « Muslim Ban »

Ce durcissement rappelle les premières heures du mandat Trump en 2017, lorsque le président républicain avait interdit l’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane, dont la Libye, l’Iran et la Somalie. Le Soudan du Sud, majoritairement chrétien, avait alors été épargné. Cette fois, le pays se retrouve directement visé, dans un contexte politique marqué par une politique migratoire résolument restrictive.

La décision américaine intervient dans un climat diplomatique tendu, marqué par des crispations similaires entre d’autres puissances et leurs partenaires africains. La France, récemment, a connu un différend comparable avec l’Algérie autour des expulsions de sans-papiers.

Un pays exsangue, au bord du gouffre

Pour Juba, cette sanction tombe à un moment critique. Le Soudan du Sud est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Selon les dernières données de l’Indice de développement humain publiées par les Nations unies en 2024, il se classe avant-dernier, juste devant la Somalie. En proie à une instabilité chronique, il vit sous la menace permanente d’une rechute dans la guerre civile, comme l’a récemment averti un haut responsable onusien.

L’impact de cette décision pourrait être considérable : les étudiants sud-soudanais aux États-Unis, les familles dispersées entre les deux pays, les ONG actives dans les programmes de reconstruction et de développement, risquent tous de subir les contrecoups d’une suspension brutale des mobilités.

Un message politique clair

Au-delà du cas sud-soudanais, cette annonce envoie un message politique fort aux autres pays qui refuseraient de collaborer avec les autorités américaines sur la question migratoire. En pleine campagne pour les élections de mi-mandat, Donald Trump semble vouloir renouer avec les marqueurs les plus emblématiques de sa première présidence : fermeté, nationalisme, et politique étrangère à forte connotation identitaire.

« Il est temps que le gouvernement de transition du Soudan du Sud cesse de tirer profit des États-Unis », a asséné Marco Rubio, dans une déclaration au ton particulièrement accusateur.

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Washington affirme toutefois être prêt à revoir sa position si le Soudan du Sud revient à de meilleures dispositions. Mais en attendant, c’est un isolement diplomatique inédit qui s’abat sur ce jeune État, né en 2011 dans la douleur, et qui peine toujours à se stabiliser.

Afriksoir

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