Une accusation grave qui met en lumière le rôle présumé des Émirats dans le conflit au Darfour, tandis que la compétence de la Cour est remise en question.
Le gouvernement soudanais a lancé une offensive judiciaire sans précédent contre les Émirats arabes unis, les accusant formellement d’être les principaux instigateurs des violences qualifiées de « génocide » au Darfour. Devant la Cour internationale de justice (CIJ), les représentants de Khartoum ont dénoncé un soutien massif et continu des Émirats aux Forces de soutien rapide (FSR), milices paramilitaires engagées dans une guerre sanglante contre l’armée régulière depuis 2023.
Lors de l’audience, le ministre soudanais de la Justice a affirmé que cette aide émiratie alimentait directement les exactions commises contre la communauté masalit, incluant massacres, viols systématiques et déplacements forcés. Le Soudan exige des mesures immédiates : la cessation de tout soutien aux FSR et des réparations financières pour les victimes.
Les Émirats ont vivement rejeté ces allégations, qualifiant la plainte de manipulation politique et dénuée de tout fondement juridique. Une haute responsable émiratie a insisté sur la nécessité d’une trêve plutôt que de procédures judiciaires, appelant les belligérants à privilégier les négociations.
Cependant, l’issue de cette affaire reste incertaine. Les Émirats ayant émis une réserve sur l’article IX de la Convention sur le génocide lors de leur adhésion en 2005, la CIJ pourrait se déclarer incompétente. Des experts soulignent que cette réserve pourrait bloquer toute avancée, malgré l’argument soudanais selon lequel elle contrevient à l’esprit même du texte.
Si la Cour statue, ses décisions seront théoriquement contraignantes, mais leur application reste aléatoire, comme en témoigne l’impuissance face à l’invasion russe en Ukraine. Cette affaire illustre une fois de plus les limites du droit international face aux enjeux géopolitiques.
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