Le Soudan sombrera dans « l’abîme » si la guerre continue, avertit l’ONU

(Genève) Le Soudan sombrera dans « l’abîme » et pourrait connaître la mort de centaines de milliers de personnes, à moins que la guerre dans le pays prenne fin et que l’aide humanitaire puisse être distribuée, a averti l’ONU jeudi.




« Nous sommes au bord de l’abîme », a déclaré Volker Türk, responsable des droits de l’homme à l’ONU, devant le Conseil des droits de l’homme. « Les organisations humanitaires avertissent que sans une action pour mettre fin à la guerre, livrer une aide d’urgence et remettre l’agriculture sur pied, des centaines de milliers de personnes pourraient mourir. »

« Je ne peux pas exagérer la gravité de la situation au Soudan, la situation désespérée du peuple soudanais, et l’urgence avec laquelle nous devons agir pour alléger leur souffrance », a déclaré Volker Türk devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

« Depuis le début du conflit armé en 2023, une crise des droits de la personne a engendré la plus grande catastrophe pour l’humanité au monde », a-t-il ajouté.

Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit entre le chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhan et son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo, qui dirige les Forces de soutien rapide (FSR), une organisation paramilitaire.

M. Türk a indiqué que plus de 600 000 personnes étaient « au bord de la famine » qui est présente dans cinq régions, y compris le camp de déplacés de Zamzam, au Nord-Darfour.

PHOTO MARWAN MOHAMED, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des femmes et des enfants soudanais déplacés se rassemblent dans un camp près de la ville de Tawila, dans le nord du Darfour, le 11 février 2025.

L’ONG Médecins sans Frontières a suspendu ses opérations dans et autour de Zamzam lundi en raison de la violence croissante, et le Programme alimentaire mondial de l’ONU a annoncé faire de même mercredi.

M. Türk a précisé que cinq autres zones pourraient faire face à la famine dans les trois prochains mois, et 17 autres sont considérées comme étant à risque.

Il a ajouté qu’environ 8,8 millions de personnes avaient été forcées de fuir vers des camps et d’autres lieux à l’intérieur du Soudan, tandis que 3,5 millions d’autres ont quitté le pays.

« Il s’agit de la plus grande crise de déplacés au monde », a déclaré le responsable de l’ONU.

« Environ 30,4 millions de personnes ont besoin d’assistance, de soins de santé, et autres formes de soutien humanitaire. Moins de 30 % des hôpitaux et des cliniques sont encore en activité, et les épidémies des épidémies sévissent dans les camps de déplacés », a-t-il aussi avancé.

Volker Türk a exhorté la communauté internationale à travailler ensemble pour trouver une voie vers la paix.

Au moins 70 personnes sont mortes du choléra et plus de 2200 sont été contaminées par la maladie dans le sud du Soudan au cours de la semaine écoulée, a déclaré jeudi Save the Children, citant des données du ministère de la Santé.

L’épidémie dans l’État du Nil Blanc fait suite à une frappe de drone sur la centrale électrique d’Um Dabakar, à 275 kilomètres au sud de Khartoum, qui a perturbé l’accès à l’eau potable à Kosti, la capitale de l’État.

Elle intervient alors que le système de santé soudanais est paralysé par la guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 12 millions de personnes depuis avril 2023.

Craintes d’une « violence généralisée » dans le nord du Soudan du Sud

Une montée des tensions dans le nord du Soudan du Sud pourrait mener à une « violence généralisée », ont averti jeudi plusieurs organisations multilatérales et non gouvernementales, appelant à la désescalade.

L’État le plus jeune de la planète, riche en pétrole, mais extrêmement pauvre, est miné par les luttes de pouvoir, la corruption et les conflits ethniques.

Des combats ont éclaté les 14 et 15 février entre l’armée sud-soudanaise (SSPDF) et des « jeunes armés » dans le comté Nasir de l’État du Haut-Nil, bordant le Soudan, qui ont tué des civils et blessé un Casque bleu, avait indiqué la Mission des Nations unies dans le pays (MINUSS) la semaine dernière.

Ces affrontements ont aussi fait des milliers de déplacés et des dizaines de blessés, selon un communiqué d’Human Rights Watch (HRW) jeudi, soulignant que l’armée est engagée dans un conflit permanent avec le Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition (SPLA/IO), groupe armé lié à Riek Machar, rival du président Salva Kiir.

Agence France-Presse


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