Une mobilisation fulgurante, portée par une défiance grandissante
Initié par un message de José Toribio, ancien maire de Lamentin, et propulsé par Éric Coriolan, figure influente des réseaux sociaux, ce mouvement citoyen a rassemblé plus de 1000 membres sur un groupe WhatsApp, mobilisé plus de 300 participants lors d’une rencontre aux Abymes, la ville la plus peuplée de la Guadeloupe, et convaincu 170 volontaires de s’engager activement dans des ateliers de travail. Simple sursaut d’indignation ou véritable bascule vers une structuration politique ?
« Le cri » de l’ancien maire de Lamentin s’est inscrit dans un contexte où la défiance envers les élus et les institutions atteint des sommets en Guadeloupe. Le chômage persistant, la crise du pouvoir d’achat, l’exode des jeunes, la gestion de l’eau et les conséquences encore vives de la crise sanitaire ont nourri un sentiment d’abandon.
Mais ce qui distingue Le Sursaut Guadeloupéen des nombreuses mobilisations précédentes, c’est son ancrage à la fois numérique et physique. L’influence d’Éric Coriolan, déjà connu pour son rôle dans le mouvement Sentinelles Guadeloupe, a été déterminante. Son audience massive sur les réseaux sociaux a permis d’amplifier l’appel et de donner une résonance immédiate à la démarche. Ce savant mélange entre contestation digitale et engagement de terrain pourrait bien redéfinir les modes d’action en Guadeloupe.
Une structuration en cours, mais quelle finalité ?
L’adhésion spontanée de 170 personnes aux ateliers de travail témoigne d’une volonté d’aller au-delà de la simple contestation. On ne parle plus ici d’une pétition ou d’un énième coup de gueule sur les réseaux, mais d’un effort structuré pour construire un projet collectif.
Dès lors, une question se pose : jusqu’où ira ce mouvement ? Si son ambition est de peser réellement dans les décisions, il lui faudra inévitablement se doter d’une organisation plus solide, avec des représentants, une ligne directrice et peut-être… une transformation en force politique.
L’éventualité d’une nouvelle offre politique ?
La Guadeloupe a toujours été marquée par des tentatives de recomposition politique, souvent avortées par manque de cohésion ou par récupération partisane. Mais Le Sursaut Guadeloupéen pourrait bien être un tournant.
Son succès rapide révèle une attente forte d’une alternative issue de la société civile, en rupture avec les logiques partisanes classiques. Si le mouvement parvient à fédérer autour d’un projet clair et crédible, il pourrait à terme se structurer en véritable force politique, capable de concurrencer les acteurs traditionnels.
L’heure n’est pas encore à la proclamation d’un parti, mais les germes d’une nouvelle dynamique sont bien là. La Guadeloupe est-elle à l’aube d’un bouleversement politique majeur ? Le Sursaut Guadeloupéen pourrait bien être plus qu’un simple mouvement : il pourrait être l’ébauche d’une révolution citoyenne. Reste à voir s’il saura transformer l’essai.
Damien Maillard
Veille & Démocratie [Paris, 22 Mars 2025, 18h30]
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