« On ne se reconstruit pas du repassage de seins. C’est une mutilation. » Anne a vécu un véritable calvaire à l’âge de seulement 11 ans. À l’occasion d’un entretien bouleversant diffusé par Konbini, ce samedi 5 avril, cette femme raconte avoir été victime de mutilations lorsqu’elle vivait au Cameroun.
Parmi ces sévices : le « repassage des seins », une méthode ancestrale qui consiste à masser la poitrine naissante d’une jeune fille, à l’aide d’un objet chauffé au brasier, afin de retarder sa croissance. « Les anciens disent que cela évite les grossesses involontaires, les viols et que les hommes s’intéressent à elles », explique la jeune femme auprès du média en ligne.
« J’avance, mais je ne me reconstruis pas »
Lorsqu’elle était à peine adolescente, Anne a donc subi ces « repassages de seins » durant un an. Sa mère ayant quitté le Cameroun, la jeune fille vivait avec sa grand-mère. « Un jour, elle est venue me réveiller aux aurores et m’a emmenée dans l’arrière-cuisine », se souvient-elle, précisant que d’autres femmes l’attendaient dans la pièce. Sa grand-mère lui demande de s’allonger par terre, lui assurant que c’était « pour son bien » et pour « l’aider ».
Anne a alors été tenue fermement par les femmes, tandis qu’une autre effectuait « des pressions » autour de la glande mammaire de l’enfant. « On a arrêté la pierre quand il y avait trop de cloques. J’étais brûlée », poursuit-elle. La femme a ensuite utilisé une peau de banane plantain pour presser à nouveau la peau à vif de la jeune fille.
Après ces mutilations, Anne a refusé de souffrir davantage : « Le matin, quand elle venait me chercher, je n’étais plus là. J’avais toujours des excuses au point où ça les a démotivées et elles ont arrêté. » Anne a aussi bandé sa poitrine et coupé ses cheveux pour ressembler davantage à un garçon. Sa petite sœur a également été victime des mêmes mutilations avant qu’Anne n’intervienne et empêche le calvaire de continuer.
Sa grand-mère lui aurait expliqué que cette coutume existait pour « protéger » les jeunes filles : « C’est pour éviter que les hommes te regardent très tôt. Si tu as des seins maintenant, les hommes vont te regarder, on va pouvoir te violer », entendait-elle. Aujourd’hui, Anne vit avec ce souvenir qui la hante chaque jour : « Je ne peux pas l’effacer, je vis avec. J’avance mais je ne me reconstruis pas. »
Cette méthode ancestrale est toujours régulièrement pratiquée au Cameroun. « Combien de femmes vont devoir souffrir pour que ces femmes-là comprennent que ça ne sert à rien. Elles détruisent plus la vie d’une femme qu’autre chose », lance Anne, qui espère que ces mutilations cesseront un jour et que les jeunes filles auront le courage de les dénoncer.
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