Le Venezuela entre en campagne pour la présidentielle du 28 juillet

Parmi les dix candidats en lice, deux personnalités font figure de favoris : le président sortant, Nicolas Maduro, qui brigue un troisième mandat, et Edmundo Gonzalez Urrutia, qui représente les principaux partis d’opposition. Face à une très profonde crise économique, les Vénézuéliens en sont réduits à survivre, et le pouvoir d’achat reste l’enjeu majeur de ce scrutin.

Au siècle dernier, c’était encore l’un des pays les plus riches du monde, assis sur l’une des plus grandes réserves de pétrole de la planète. Mais au tournant des années 2010, meurtri par la chute du cours des matières premières, le PIB du Venezuela s’est effondré. Aujourd’hui, plus de 50% de la population vit dans une situation d’extrême pauvreté, incapable de satisfaire ses besoins les plus fondamentaux, comme celui de se nourrir. Au micro de notre correspondante, Alice Campaignolle, les habitants de Caracas témoignent de la hausse continue du coût de la vie. Elle les force à modifier leur régime alimentaire au détriment de leur santé, ce que déplore le sociologue Luis Pedro España. « Il y a une grande précarité alimentaire au Venezuela. Alors certes, pas comme il y a 3 ou 4 ans où il n’y avait tout simplement pas de consommation alimentaire, car il n’y avait pas de produits. Mais aujourd’hui, le régime de base des Vénézuéliens est composé en grande partie de glucides, qui comblent la faim mais ne nourrissent pas correctement ».

L’inconnue de la reprise du dialogue avec Washington

À trois semaines du scrutin, un dossier sensible s’invite dans la campagne. À quel point le nouveau chapitre de discussions engagé entre la Maison Blanche et le gouvernement vénézuélien peut-il peser sur la présidentielle ? C’était hier (3 juillet 2024), par visioconférence, et ça ne tombe pas du ciel, on sait que Washington et Caracas n’ont plus de relations diplomatiques depuis 2019, mais les deux pays se parlent. Discrètement, mais ils se parlent. Le processus a été engagé, l’an dernier (2023), sous les auspices du Qatar, avec un échange de prisonniers en décembre, une réunion secrète au Mexique en avril, et cette fois-ci, un dialogue public et officiel.

Comme toujours au Venezuela, deux lectures. Celle d’un organe chaviste, Ultimas noticias. On y lit que la montée de l’extrême-droite en Europe fait disparaître des gouvernements qui étaient jusqu’ici « des satellites naturels de Washington », que les Américains font l’objet d’un rejet total dans le monde musulman en raison de leur soutien à Israël, que la Russie, la Chine ou les BRICS remettent toujours plus en question l’hégémonie du dollar, en résumé, que la Maison Blanche adopte une approche pragmatique, parce qu’elle serait sur le point de couler et n’aurait aucune raison de perpétuer le conflit avec un Nicolas Maduro présenté comme déjà réélu.

Analyse inverse d’El Tiempo, sous la plume d’Ana Maria Rodriguez Brazon. La clé, ce sont les sondages. Et d’après ces enquêtes d’opinion (contestées par le camp présidentiel), Maduro est à la traîne, loin derrière le candidat du bloc d’opposition. Cela pourrait bien être ça, affirme le politologue Carlos Zambrano, « le facteur déterminant de ce rapprochement surprise avec Washington. Non pas parce que Maduro pense qu’il va faire un retour, mais parce qu’il doit négocier sa sortie ». À très court terme, en tout cas, explique El Tiempo, les États-Unis veulent s’assurer que Nicolas Maduro ne va pas suspendre ou disqualifier la candidature de son adversaire politique. Et le gouvernement vénézuélien cherche de son côté la reconnaissance de la communauté internationale, à condition de parvenir à maîtriser le scrutin de bout en bout.

Joe Biden face à la montagne de sa réélection

Le camp démocrate est toujours en ébullition après le débat catastrophique du président américain la semaine dernière, et les langues commencent à se délier. Après les fuites dans le New York Times affirmant qu’il a commencé à réfléchir au maintien de sa candidature, et les sorties de différents élus démocrates qui n’ont plus peur d’appeler à son retrait, Joe Biden fait le choix de s’accrocher. La Maison Blanche veut prouver qu’il peut sauver la face après le débat et prévoit deux moments de vérité : une grande interview sur ABC ce vendredi et une conférence de presse la semaine prochaine, en marge du sommet de l’OTAN. L’historien et spécialiste des États-Unis Corentin Sellin nous rappelle que Joe Biden n’a plus le droit à l’erreur. Et que s’il échouait à rassurer et finissait par jeter l’éponge, les Démocrates devraient dans l’urgence se doter d’un ou d’une remplaçante avant le 19 août 2024, date de la Convention démocrate.

Qui pour le remplacer ?

Pourquoi pas une femme ? Et pourquoi pas Gretchen Whitmer, la gouverneure démocrate du Michigan et l’étoile montante du Parti ? Dans le Washington Post, l’éditorialiste Perry Bacon Jr. fait remarquer que son bilan local pourrait séduire à la fois modérés et progressistes chez les Démocrates. Que cette possibilité n’a pas vraiment été explorée, mais que selon deux enquêtes, dans le cas d’un duel avec Donald Trump dans le Michigan, elle l’emporterait, là où Joe Biden finirait derrière son adversaire. Sans oublier un autre profil intéressant : Gina Raimondo, l’actuelle ministre du Commerce et ancienne gouverneur de l’État de Rhode Island. Sur ses terres, « elle a réduit les impôts, augmenté le salaire minimum, attiré de nouvelles entreprises, étendu l’accès aux énergies renouvelables, excellé dans la gestion d’épidémie de COVID, déroule l’éditorialiste David Von Drehle, avec elle, l’Amérique pourrait enfin élire sa première présidente ».

Le Premier ministre haïtien de transition interpelle la communauté internationale au siège de l’ONU

En ligne de Port-au-Prince, Frantz Duval, le rédacteur en chef du Nouvelliste, revient sur la suite de la visite aux États-Unis du Premier ministre haïtien de transition, Garry Conille, qui s’est rendu au siège des Nations unies, à New York. Il y a exposé son projet et renouvelé son appel à un appui prolongé de la communauté internationale face à la crise sécuritaire imposée par les gangs, « 12 000 hommes qui prennent en otage 12 millions d’habitants ». À l’occasion de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, plusieurs pays dont les États-Unis et la France ont en outre appelé à la mise en place de nouvelles sanctions contre des personnalités haïtiennes, mais Frantz Duval témoigne des divergences qui traversent le Conseil à ce sujet et de la difficulté à établir une liste précise. Toute la couverture du Nouvelliste à retrouver ici (lenouvelliste.com) et chaque jeudi sur l’antenne de RFI.

Le Journal de la 1ère

En Martinique, la vétusté de l’hôpital du Marin inquiète les syndicats du secteur de la santé.

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