Le viol, une arme de guerre terrible au Soudan – DW – 26/02/2025

Depuis le 15 avril 2023, une guerre commencée par une lutte de pouvoir entre deux généraux rivaux, déchire le Soudan. Les civils sont les premières victimes, pris au milieu des affrontements qui opposent l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapides de Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti ». Le viol est aussi devenu une arme de guerre dans le pays.

Un traumatisme collectif

« Ils étaient armés, je ne pouvais rien faire. Ils m’ont embarquée vers une maison isolée, m’ont violée à tour de rôle sous la menace, puis ils sont partis », c’est ainsi que témoigne une survivante le visage cerné d’un voile noir, les joues creuses, le regard exorbité, comme s’il était figé dans l’horreur. Elle précise que si elle avait résisté ils l’auraient tuée. Enceinte, elle refuse de mettre un terme à sa grossesse.

« Mon père était furieux, il m’a ordonné de quitter la maison » assure-t-elle à la DW.Le ventre encore rond sous sa large robe, elle est désormais mère d’un petit garçon d’à peine quelques semaines… et complètement démunie.

Au cœur du conflit, de très nombreuses femmes sont victimes de violences et d’exploitation sexuelle. Un traumatisme collectif, couvert d’une chape de silence.

Ecoutez le reportage de Patricia Huon

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Difficile de témoigner

Témoigner reste vécu comme un risque. Celles qui sont mariées font tout pour cacher le viol qu’elles ont subi à leur conjoint, les plus jeunes à leur famille, afin d’éviter l’opprobre de la société.

« Il y a toujours un tabou, et une stigmatisation, autour des violences sexuelles. Même avec avec la guerre actuelle, alors que les atrocités ont été massives » explique Sulaima Ishaq, psychologue et directrice de l’Unité de lutte contre les violences faites aux femmes.

Selon elle, « les survivantes ne parlent pas sauf si elles sont enceintes, ou qu’elles souffrent de dépression, qu’elles font des cauchemars, ressentent un stress post traumatique« . 

Sulaima Ishaq pense que les victimes se comptent en dizaines, peut-être en centaines de milliers. Leurs chances d’obtenir un jour justice sont minces.

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