Législatives 2024 : cette ministre qui défie la consigne de l’exécutif pour le second tour

C’est un cas isolé qui fait du bruit. Dominique Faure (Parti radical – Ensemble !), la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, a décidé lundi de rester en lice au second tour des législatives dans la 10e circonscription de la Haute-Garonne, dans le Lauragais. L’ex-maire de Saint-Orens à côté de Toulouse, élue députée en 2022 et nommée au gouvernement la même année, n’a terminé que troisième, avec près de 29 % des voix derrière le candidat du Nouveau Front Populaire, le socialiste Jacques Oberti (36,2 %), et la RN Caroline Falgas-Colomina (30,4 %). Or, Gabriel Attal a demandé aux représentants de l’ex-majorité arrivés à cette place de se retirer pour faire barrage à « l’extrême droite ». « Le choix de la responsabilité et de l’honneur », a-t-il dit.

Dimanche soir, Dominique Faure hésitait sur la conduite à tenir, expliquant que la candidate d’extrême droite était arrivée en deuxième position et non en première et que, dans ce cas, elle n’était pas sûre de devoir se désister. « Je vais aller prendre des consignes auprès de mon Premier ministre », disait-elle. Finalement, elle a décidé lundi de se maintenir. « Je me dois d’aller jusqu’au bout, a-t-elle déclaré à l’AFP. J’ai 22.800 électeurs qui ont voté pour moi et je vois mal comment je leur donnerai comme seul choix de voter RN ou LFI. »

« Honteux »

Alors qu’elle a peu de chance de l’emporter avec 5.600 voix de retard sur le socialiste et 1.000 voix sur la candidate RN au premier tour, la ministre de 64 ans estime que « ce maintien constitue notre meilleure chance de consolider notre socle autour de l’arc républicain que je représente et qui est, pour la 10e circonscription, de loin le meilleur choix ». « Laisser face à face les deux extrêmes serait trop risqué », insiste-t-elle.

Son jugement sur les extrêmes est d’autant plus étonnant que le candidat de la gauche, Jacques Oberti, 63 ans, est un maire socialiste modéré qui préside la Communauté d’agglomération du Sicoval, au sud de Toulouse. Furieux, le Premier secrétaire du PS , Olivier Faure, a réagi vertement sur X : « Face à la menace des pleins pouvoirs au RN, une ministre choisit de se maintenir alors même qu’elle est arrivée 3e. Honteux. » « Quand le RN est aux portes du pouvoir, on laisse son orgueil de côté et on se bat pour que les forces démocratiques l’emportent », a insisté le chef de file de la gauche au Sénat, Patrick Kanner , tranchant : « Désistez-vous, sans quoi vous aurez le déshonneur et la défaite. »

Avant d’être ministre, Dominique Faure était la première vice-présidente de Toulouse Métropole chargée du développement économique. Sa position correspond à celle du maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, l’ ex-LR Jean-Luc Moudenc , qui a refusé lundi de choisir entre le RN et LFI (à la réserve près que Dominique Faure est face à un candidat socialiste). « Ma conviction, c’est que l’extrémisme, qu’il soit de gauche ou de droite, est toujours foncièrement dangereux. Je n’aurai donc pas la faiblesse morale de m’abandonner à une telle complaisance », a fustigé ce proche d’Edouard Philippe.

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