Législatives 2024 : Jean-Victor Castor et Davy Rimane retrouvent leur fauteuil à l’Assemblée nationale

Les deux députés de Guyane sont élus. Sans grande surprise dans la première circonscription Jean-Victor Castor retrouve son fauteuil ainsi que Davy Rimane qui était seul en lice dans la seconde circonscription. Néanmoins l’analyse de ces deux tours de scrutin montre à l’évidence que l’abstention record du jour demeure un redoutable juge de paix.

Jean-Victor Castor et Davy Rimane vont rejoindre leurs collègues au sein de l’Assemblée nationale. Ils font à nouveau partie des 577 élus au suffrage universel pour 5 ans sauf nouvelle dissolution, ce qui pourrait bien être le cas lors de l’élection présidentielle de 2027. En attendant les voici de nouveau en selle et comme ils l’affirment dans le fonctionnement d’un binôme qui partage les mêmes objectifs. Néanmoins ce scrutin intervenu après une dissolution amène à quelques réflexions.

Jean-Victor Castor aura sans aucun doute bénéficié de la prime au sortant durant le premier tour de cette élection. Il a recueilli 12 895 voix soit 21,77% des inscrits et donc 62,78% des votes exprimés. Boris Chong-Sit arrivé en seconde position a, lui, obtenu 3308 suffrages soit 5,58% des inscrits et 16,10% des exprimés.

L’examen de ces chiffres comparés à ceux de l’élection de 2022 montre que Jean-Victor Castor a siphonné une partie du réservoir de voix d’Yvane Goua. Cette dernière a réalisé le 29 juin un score de 2158 suffrages insuffisant pour aller au second tour. Pourtant, elle avait réussi en 2022 à se placer en tête du scrutin du premier tour avec 20,77% des suffrages exprimés soit une réserve de voix de 3122 contre 2601 voix pour Castor. Néanmoins il faut se rappeler que 18 candidats s’affrontaient.
Changement de cap des électeurs cette année. Il peut s’expliquer par le fait que les thèmes régulièrement soutenus par l’association d’Yvane Goua Trop Violans sont les mêmes, la plupart du temps, que ceux repris par le député Castor comme l’insécurité où la santé par exemple. Les électeurs ont, peut-être, voulu se montrer pragmatiques et choisir la voix qui porte davantage et qui serait plus à même d’influer le pouvoir de décision.
Cela a permis que Boris Chong-Sit, cette année, soit admis au second tour mais recalé tout de même. Son score a été amélioré certes mais largement insuffisant compte tenu de l’avance qu’avait le député sortant. Jean-Victor Castor remporte la victoire avec 75,9% des votes. Ce verdict des urnes est sans appel et on notera que l’abstention joue, une fois de plus, un rôle essentiel, elle a atteint pour cette première circonscription le taux de 67,27%.

Davy Rimane après le désistement de Sophie Charles arrivée en seconde position était assuré d’être réélu. Le Kouroucien est donc réélu avec 8422 suffrages.
Il a tout de même fait campagne en demandant aux électeurs de se mobiliser pour conforter son positionnement. Les plus convaincus l’ont suivi et sont allés voter mais les autres ont vaqué à leurs occupations.
En 2022, Davy Rimane avait abordé le second tour de scrutin avec 10 points de retard sur son concurrent Lénaïck Adam qu’il avait fini par vaincre avec 10 points d’avance. Mais comme dans la première circonscription l’abstention était au rendez-vous, 66,35% des inscrits n’avaient pas voté.
Une abstention encore plus marquée et même record pour ce vote particulier du 6 juillet 2024 puisqu’elle s’élève à 81,52%.

Alors décidément quelle que soit l’élection, l’abstention ne mollit pas en Guyane malgré un léger rebond des votes au premier tour. Sur les 108 654 inscrits, seuls 26,24% d’entre eux se sont rendus aux urnes ce 6 juillet et au total l’abstention monte au taux de 73,76%.

L’abstention, fait de société interroge. Dans ces scrutins du 29 juin et du 6 juillet, elle s’est fait encore la part belle. Est-il possible d’inverser la vapeur ?

Les citoyens semblent ne plus vouloir jouer leur rôle régulateur de la vie politique essentiel au bon fonctionnement des institutions. Et pourtant l’égalité du suffrage en Outre-mer remonte à quelques décennies très exactement au 23 juin 1956 durant la IVe république. Qu’en fait-on ?
Le choix des représentants de la république est laissé à une minorité, certains seraient plus citoyens que d’autres, plus impliqués, plus concernés et d’autres hors champ ? La réponse, sans nul doute, plus complexe qu’il y paraît demeure l’apanage des sociologues.


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