L’enregistrement des sinistrés à Kinshasa, en République démocratique du Congo, a débuté au stade Tata Raphaël – ou Stade du 20 mai – l’un des sites d’accueil des sinistrés des inondations. Mais tout ne se passe pas toujours comme prévu.
Monique a fait le déplacement de l’institut Lumumba, un autre site d’accueil où elle n’a pas pu se faire enregistrer. Elle espère avoir plus de chance au stade Tata Raphaël.
« Nous avons tout perdu. Toute notre maison a été engloutie. On nous a dit que les sinistrés étaient pris en charge au Stade du 20 mai et en arrivant ici, on nous informe que le quota est atteint et qu’il faut aller à l’institut Lumumba. Mais on dirait qu’ici aussi ça va être compliqué. Nous dormons actuellement sur les toits des maisons, j’ai laissé mes petits enfants sur les toits », explique-t-elle au micro de la DW.
Des habitants encore dans des situations précaires
Une autre femme raconte que l’accès au stade Tata Raphaël lui a été interdit. Il lui a été demandé de revenir un autre jour. Plus tôt dans la journée, le ministère de la Santé a ordonné le déploiement urgent d’une équipe médicale et de kits de premiers secours.
On observe depuis quelques heures une reprise du trafic et une décrue mais il y a encore des zones où notamment les plus petits ont besoin de pirogues pour circuler.
Des Kinois sont encore coincés dans leurs logements. « Pour sauver ceux qui sont restés, il faut des canaux de sauvetage parce que les pirogues de fortune que nous avons ne sont pas assez solides, elles se retournent et les gens tombent à l’eau », dit ainsi un habitant.
Des maisons ont été détruites dans des communes de la capitale de dix-sept millions d’habitants à la suite de ces pluies qui ont entraîné la montée du fleuve N’djili, provoquant des inondations.
Le président de la République a, au cours de la session de l’Assemblée générale du Conseil supérieur de la magistrature, exprimé sa solidarité aux familles endeuillées. Le chef de l’Etat assure que la République ne les abandonnera pas, que tout sera fait pour prévenir de nouvelles tragédies.
En visite auprès des sinistrés, accompagné de son épouse, le président Tshisekedi a essuyé leur colère. « On t’appelle Fatshi béton (le surnom du président Tshisekedi, ndlr) mais tu n’aides pas ton peuple », a lancé au chef de l’Etat un Kinois. « Gardez la santé et que le Seigneur vous protège », a enjoint le chef de l’Etat avant de quitter les lieux sous la protection de membres de la Garde républicaine chargés de contenir tout débordement.
Une nouvelle catastrophe qui aurait pu être évitée ?
Les autorités sont critiquées pour leur gestion de la catastrophe.
L’urbaniste Joel Kyana Basila pointe du doigt des problèmes d’aménagement du territoire.
« Etant donné que Kinshasa, c’est une ville où il pleut pratiquement tous les six mois, l’eau déborde. Tout le lit de la rivière est occupé, on ne laisse aucune place. Une fois que l’eau déborde le long de la rivière de N’djili, l’eau trouve les habitations », explique-t-il.
« L’autorité ne prend pas à bras-le-corps cette question. Il est là après les évènements, il ne prévient pas », estime-t-il encore.
En 2022, au moins 120 personnes avaient trouvé la mort dans la capitale, victimes de pluies diluviennes qui avaient provoqué inondations et glissements de terrains.
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