Le gouverneur de la province du Sud-Kivu, dans l’est du Congo, a ordonné vendredi la suspension de toutes les activités minières afin de «rétablir l’ordre» dans cette région riche en minerais, en proie à la violence des groupes armés.
Les activités minières sont suspendues jusqu’à nouvel ordre en raison du «désordre causé par les opérateurs miniers», a déclaré le gouverneur Jean-Jacques Purusi Sadiki dans un communiqué, sans fournir plus de détails.
Le communiqué indique que l’objectif de la décision était de «rétablir l’ordre dans l’exploitation minière dans toute la province et de préserver non seulement les vies humaines, mais également la traçabilité de la production minière sur ces sites».
Les autorités locales ont donné 72 heures à toutes les sociétés minières, commerces et coopératives pour quitter les sites et lieux d’exploitation, précise le communiqué.
Il est difficile de savoir si la décision sera respectée, certaines zones minières étant sous contrôle ou influence de groupes armés. Il est également difficile d’évaluer l’impact économique de cette décision pour le moment. Des milliers d’habitants de cette province riche en or et en coltan dépendent directement ou indirectement de l’exploitation minière.
Selon Bienvenu Mapendo, président de la Fédération des entreprises congolaises de la province du Sud-Kivu, cette décision aura un impact négatif sur les activités économiques de la province.
«Nous aimerions avoir une rencontre avec l’autorité provinciale pour connaître les motivations de cette décision», a-t-il indiqué lors d’une entrevue téléphonique avec l’Associated Press
Opacité et violence
De nombreuses entreprises chinoises exploitent de l’or et d’autres minéraux au Sud-Kivu, l’une des provinces orientales de la République démocratique du Congo en proie à la violence des groupes armés depuis près de trois décennies. Ces derniers mois, alors que les militaires combattent les milices, la situation sécuritaire s’est détériorée.
Les attaques contre les carrières et les coopératives minières sont fréquentes dans la région alors que plus de 120 groupes armés se disputent les terres et les ressources dans l’est du Congo. Plus tôt ce mois-ci, une attaque d’une milice contre une mine d’or dans la province de l’Ituri, au nord-est du Congo, a causé la mort de six mineurs chinois et deux soldats congolais.
En août 2021, l’ancien gouverneur du Sud-Kivu a décidé de «rétablir l’ordre» dans le territoire de Mwenga, à une centaine de kilomètres de Bukavu, la capitale de la province, et a ordonné la suspension des activités minières de six sociétés minières chinoises. Il a justifié cette décision par la protection des intérêts de la population locale et de l’environnement.
Or, à la suite de pressions politiques, la suspension a ensuite été levée. Une commission d’enquête parlementaire a été lancée, mais ses conclusions n’ont jamais été publiées.
À l’époque, le gouvernement avait déclaré qu’il s’efforçait d’obtenir de meilleures conditions concernant un contrat minier de 6,2 milliards $ avec la Chine, qui, selon les autorités, n’a pas été suffisamment rentable pour ce pays d’Afrique centrale depuis la signature de l’accord en 2008.
L’opacité de l’exploitation et de la vente de l’or congolais est régulièrement déplorée. Dans ses multiples rapports, un groupe d’experts de l’Organisation des Nations unies a déclaré que «les volumes d’or de contrebande sont nettement supérieurs à ceux commercialisés légalement».
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