Dernier pays en lice à prendre part aux Jeux olympiques, le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011 et membre du CIO depuis 2015, fait son entrée en piste par le basketball. Sport qui devient progressivement « LE » sport national, mais aussi un vecteur d’unification pour un pays jeune et marqué par des années de conflits.
La révélation africaine de ces dernières années
Mais le chemin aura été long pour les joueurs de l’équipe nationale. En effet, la particularité et le défi ont été de créer une équipe avec des joueurs venant de partout dans le monde, des États-Unis en passant par le Canada ou encore l’Australie. Pour nombre d’entre eux, tout a commencé dans des camps de réfugiés, après que leurs parents ont fui l’une des guerres civiles les plus longues de l’histoire (1983 à 2005) qui a mené à l’indépendance du Sud. À l’image de Wenyen Gabriel, le natif de Khartoum, qui a grandi dans le New Hampshire où vit une forte communauté sud-soudanaise et parle librement d’une « bande de réfugiés ». C’est certainement pour conjurer ce sort qu’ils se sont choisi le nom de « Bright Stars ».
Et quel parcours ! Tout a véritablement commencé il y a à peine quatre ans. Après deux tentatives de qualification, le Soudan du Sud avait finalement réussi à prendre part à son tout premier Afrobasket lors de l’édition 2021, où le pays a atteint la 7e place du tournoi. Défait par la Tunisie, vainqueure du tournoi, en quart de finale, cette performance a néanmoins mis en lumière le potentiel de ce pays juste avant les éliminatoires de la Coupe du monde 2023. Une phase éliminatoire qui sera un énorme succès avec un premier tour remporté haut la main, notamment avec une double victoire contre le champion d’Afrique tunisien. Après ce premier choc, le Soudan du Sud n’a fait que confirmer lors de la 2e phase, en terminant en tête d’un groupe dans lequel on retrouvait, une nouvelle fois, la Tunisie, mais également l’Égypte et le Sénégal. Un exploit qui a fait du Soudan du Sud la nouvelle force du basketball africain et ouvert la voie vers les Jeux olympiques de Paris. La place africaine revenant au pays le mieux classé lors de la Coupe du monde.
Cette première participation à la Coupe du monde a suscité une véritable ferveur dans le pays et lors de leur dernier match de préparation avant les JO, le 20 juillet, ils ont livré une vraie bataille face aux États-Unis, s’inclinant d’un seul petit point (101-100).À LIRE AUSSI « Au Soudan du Sud, une indépendance aussi inévitable que chaotique »
La vision de Luol Deng
Ce succès soudain des Bright Stars, beaucoup en attribuent une part importante au président de la fédération, Luol Deng, l’ancien joueur des Chicago Bulls. Natif du Soudan du Sud puis réfugié en Égypte, au Kenya, au Royaume-Uni et aux États-Unis, cet ancien excellent joueur de la NBA fut All-Star à deux reprises, tête d’affiche du basketball britannique pendant une décennie. Celui qui l’a initié au basketball en Égypte ne fut nul autre que le défunt Manute Bol, premier joueur soudanais (bien avant la naissance du Soudan du Sud) à avoir joué en NBA durant les années 1980-1990. Un joueur universellement reconnu pour son dévouement et sa détermination à améliorer le quotidien des siens. Aujourd’hui, au tour de Luol Deng de s’engager de la même manière pour le développement de son jeune pays, à travers la diplomatie du sport. À la fois président de fédération depuis 2019, et membre de l’équipe technique des Bright Stars, les Jeux olympiques de Paris 2024 sont un rendez-vous à ne pas manquer pour le Soudan du Sud. Bien que considéré comme un petit poucet de la compétition, hors de question de faire de la figuration. « Je ne veux pas que les gens nous regardent et pensent que nous nous contentons d’aller là-bas. Je veux que les gens nous voient et qu’ils voient la direction que j’essaie de donner à ce sport », a déclaré Luol Deng. Aujourd’hui, le Soudan du Sud, peuplé d’environ 11 millions d’habitants, est toujours en proie à la violence politique et ethnique, à la pauvreté ainsi qu’aux catastrophes naturelles.
En route vers l’Afrobasket 2025 ?
Sur le plan de la compétition, pour sa première participation aux Jeux olympiques, le représentant africain figure dans un groupe de prestige dans lequel on retrouve les États-Unis et ses stars de la NBA et la Serbie du double MVP de NBA Nikola Jokic. Le troisième adversaire, Porto Rico, est 16e du classement Fiba et participe à ses premiers JO depuis Athènes en 2004. Leur opposition durant le Mondial 2023 avait donné lieu à un match très disputé, aboutissant à une défaite du Soudan du Sud après prolongations. Leur duel s’annonce donc décisif dans la course à une potentielle qualification derrière les deux grands favoris. Une opportunité pour le pays, passé de la 82e à la 33e place du classement Fiba, de se jauger face aux meilleurs et d’acquérir une expérience incomparable en vue des échéances futures. En effet, l’Afrobasket 2025, qui se tiendra en Angola, sera l’occasion pour ce nouveau pays d’inscrire son nom parmi les lauréats et de définitivement concrétiser un nouveau cycle sur le continent. Ce serait l’aboutissement rapide d’un pays à l’ascension météorique sur le plan sportif, grâce à la promotion du basketball et l’engagement de nouveaux dirigeants qui marquent déjà les esprits à l’image de Luol Deng.
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