IJL – Réseau.Presse – Acadie Nouvelle
Comme à bien des endroits au Canada, les communautés frontalières respirent un peu mieux alors que le Canada a évité le pire pour l’instant. Le brouillard d’incertitudes entourant la guerre commerciale que livrent les États-Unis au reste du monde, Canada inclus, ne s’est toutefois pas complètement dissipé.
La Municipalité régionale de Grand-Sault partage environ 40 kilomètres de frontière avec les États-Unis. Le maire Bertrand Beaulieu est d’avis que le degré d’inquiétude a diminué depuis mercredi soir, mais que l’incertitude entourant les décisions du gouvernement de Donald Trump ne s’est pas dissipée complètement.
«Ce n’était vraiment pas clair, hier soir (mercredi). On a encore cette épée de Damoclès au-dessus de la tête (…) J’ai l’impression que ce sera le cas pour un bon bout de temps.»
Selon M. Beaulieu, le climat actuel frappe sa municipalité sur bien des fronts, que ce soit du côté économique ou social.
«À l’intérieur même du Nord-Ouest, notre dynamique avec nos voisins du Maine à Grand-Sault est différente de celle d’Edmundston/Madawaska ou de Clair/Fort Kent.»

Le maire de la Municipalité régionale de Grand-Sault, Bertrand Beaulieu. – Acadie Nouvelle: Bobby Therrien
Dans le domaine agricole, qui occupe une grande place dans la région de Grand-Sault, le maire Beaulieu admet que bien des agriculteurs ne savent plus sur quel pied danser.
«Les échanges agricoles entre Grand-Sault et le Maine sont nombreux (…) On a des champs de patates des deux côtés. Il y a des gens qui achètent du matériel des deux côtés. J’ai parlé à des agriculteurs et à des entrepreneurs qui ont peur de ce qui se passe. Tout ça a un impact assez grand dans la communauté.»
«Tu as des agriculteurs qui se demandent s’ils vont pouvoir vendre leurs patates ou leurs semences. D’autres se demandent combien ils devront en produire pour ne pas être pris avec des surplus.»
À ce jour, le Canada doit toujours composer avec des tarifs de 25% sur tous les biens exportés vers les États-Unis qui ne figurent pas dans l’Accord Canada–États-Unis–Mexique; de 10% sur les produits pétroliers; de 10 % sur la potasse, utilisée comme engrais; et de 25% appliqués sur l’acier et l’aluminium.
«C’est comme quand on lance un caillou dans l’eau. Il y a une série de cercles qui s’étendent. Avec toutes les décisions qui ont été prises, on ne sait pas quelles seront les répercussions.»
Grand-Sault possède deux postes frontaliers, soit celui menant vers le village américain de Hamlin et un autre, dans l’ancien district de services locaux de Grand-Sault (Gillespie Portage), qui se rend à Limestone.
Il existe donc une dynamique communautaire qui a été affectée par le climat tendu entre les deux pays en raison des tarifs et de l’attitude de l’administration Trump envers le Canada.
«On a des gens qui travaillent des deux côtés de la frontière. On a de la famille des deux côtés. Il y a des gens des États-Unis qui viennent magasiner ici et vice-versa. Ils ne se font pas bien recevoir d’un côté comme de l’autre.»
«C’est dommage que l’on en soit rendu là, parce que ce n’est pas le climat que l’on avait autrefois.»
Soulagement à Edmundston
À Edmundston, on ressent également un certain soulagement. Le maire, Éric Marquis, ne crie toutefois pas victoire trop rapidement.
«On sait que le président américain change d’idée régulièrement, donc il reste à voir si ça va nous affecter dans le futur (…) La situation est très volatile, car il est difficile de suivre les idées du gouvernement américain.»
Bertrand Beaulieu et Éric Marquis ont confirmé que des élus du Nord-Ouest ont pris part à une rencontre, lundi, avec la première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, pour discuter de la situation des communautés frontalières.
M. Beaulieu a indiqué que le gouvernement provincial pourrait mettre sur pied des fonds en réserve pour leur venir en aide.
«Le message est que le gouvernement va s’adapter au fur et à mesure. Je compare ça un peu à ce qui s’est produit pendant la COVID-19. On se disait qu’il fallait réagir, mais à quoi et comment? On ne le sait pas. Il reste à voir quels impacts ces tarifs-là vont avoir et il faudra faire valoir les conséquences que ça aura chez nous.»
De son côté, le maire Marquis a ajouté que les élus ont demandé au gouvernement provincial de fournir une liste à jour de produits qui pourraient subir des tarifs.
«Il est très difficile de garder le fil de ce qui se passe, car ça bouge fréquemment. Le gouvernement va continuer à nous tenir au courant pour qu’on soit les premiers à le savoir s’il y a des changements.»
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