Les élections des reines, autrefois des événements phares, perdent de leur éclat en Martinique. Manque d’engouement, désintérêt des jeunes et contraintes financières, le carnaval se trouve à un tournant. Quels moyens pour raviver cette tradition populaire ?
Autrefois incontournables, les élections de reines semblent aujourd’hui en perte de vitesse. Dans plusieurs communes de la Martinique, des parades et des élections ont même été annulées cette année, signe d’un désintérêt croissant pour ces événements populaires.
Dans les communes, de Fort-de-France, pour le Sud, la ferveur d’antan semble avoir disparu, laissant place à un public clairsemé.
Les anciennes reines de carnaval, comme Line Lastelle et Danielle Galva, se souviennent d’une époque où l’atmosphère était bien différente.
Pendant que nous nous préparions dans les coulisses à l’époque, on entendait déjà le public.
Line Lastelle, reine de Fort-de-France et de la Martinique en 1986,interrogée par Alain Livori
Il y avait vraiment beaucoup de monde et une ambiance très intéressante, des gens étaient là bien avant l’heure de l’élection. Il n’y avait pas besoin de musique, les gens mettaient l’ambiance.
Danielle Galva, reine de Fort-de-France et de la Martinique en 1987,au micro d’Alain Livori
Aujourd’hui, l’intérêt semble avoir disparu et, dans bien des cas, les élections ne parviennent plus à attirer l’attention.
Seulements trois jeunes femmes ont participées à l’élection de reines à Fort-de-France. Elles estiment que la communication autour de ces événements doit être repensée.
Moi, j’étais pas du tout au courant, je pensais que c’était un défilé carnaval, mais pas du tout. Il faut vraiment qu’on en parle beaucoup plus, et que ce soit plus médiatisé.
Une des candidates,au micro d’Alain Livori
Les candidates soulignent l’importance de la présence sur les réseaux sociaux pour toucher un public jeune et dynamique, loin des canaux traditionnels de communication.
La jeunesse est plus sur les réseaux sociaux ou directement en contact. Il faut aller vers eux, pas seulement par des publicités dans les journaux.
Au-delà du manque d’intérêt, un autre facteur freine les candidatures : le coût.
Peut-être que les jeunes ne se sentent pas vraiment concernées. Ce n’est pas une élection de Miss, et ça peut les rebuter aussi, surtout en pleine période de carnaval, où elles préfèrent se défouler dans les rues. Et deuxièmement, c’est cher. Louer une tenue traditionnelle coûte entre 500 et 600 €. Ce sont des sommes folles.
Geneviève Calcule, secrétaire de l’Association Carnaval Foyal,interrogée par Alain Livori
Yannis Lucret, président de l’Association Carnaval Sud Martinique, souligne l’importance de maintenir cette tradition, malgré les difficultés rencontrées.
Le public est toujours intéressé par les élections, mais c’est le coût financier qui pose problème. Les costumes, même réalisés avec des matériaux de récupération, sont très chers. Certaines communes optent pour des plasticiens ou des bénévoles pour les fabriquer, mais tout le monde n’a pas les moyens. Et aujourd’hui, on ne vient pas forcément pour la compétition, mais pour maintenir une tradition et véhiculer un patrimoine.
Yannis Lucret, président de l’Association Carnaval Sud Martinique
Le carnaval martiniquais est à un carrefour. Le carnaval est-il à la croisée des chemins ? Est-ce un passage à vide lié au contexte socio-économique difficile ? Ou encore faut-il repenser le carnaval complètement de fond en comble ? Les questions se posent
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