Les étudiants de l’Université de Moncton face à des hausses «insensées»

L’Université de Moncton va de nouveau augmenter de 3% ses droits de scolarité l’an prochain. Sans surprise, la décision est mal accueillie par les étudiants.

Le vote a eu lieu samedi, dans le cadre de l’adoption du budget de fonctionnement 2025-2026 par le Conseil de l’Université. Un léger surplus de 141 000$ est attendu pour cet exercice.

«C’est sûr qu’on est déçus», réagit la présidente de la Fédération étudiante du campus universitaire de Moncton (FÉCUM) Emma Raphaelle. Présente lors de la réunion du Conseil de l’Université, elle a voté contre le budget.

Elle n’hésite pas à parler de hausses «insensées», au pluriel, car ce ne sont pas que les frais de scolarité qui vont devenir plus salés.

«Il y a une augmentation des frais connexes de 20% en sciences infirmières, qui vont les porter à 750$ par an, explique-t-elle. Et une augmentation du prix du stationnement plus importante pour les étudiants que pour les membres du corps professoral.»

La FÉCUM juge que cette hausse était prévisible et représente «l’option facile» pour l’institution d’enseignement. Déjà, les droits de scolarité avaient augmenté de 3% cette année, et de 2% les deux années précédentes.

En 2024-2025, un étudiant canadien payait 8029$ en droits de scolarité, et un étudiant international 14 714$. Cela signifie que l’an prochain, ils devront respectivement débourser 241$ et 441$ supplémentaires.

Des efforts demandés à l’Université

La nouvelle ne s’était pas encore répandue dans les couloirs du Centre étudiant de l’Université lundi en début d’après-midi: c’est l’Acadie Nouvelle qui a appris à plusieurs étudiants que leurs frais de scolarité allaient augmenter l’an prochain. Mais les quelques personnes questionnées étaient unanimement opposées à cette idée.

«Ça commence à faire un peu trop», commente par exemple Goureissy Diallo, qui étudie la sociologie.

Originaire de Guinée, il fera partie des personnes les plus affectées et ne comprend pas la justification de ces hausses répétées.

«C’est déjà très cher», remarque Anthony LeBlanc, qui veut faire carrière en éducation.

«En tant qu’étudiant, c’est dur d’y arriver sans s’endetter. Ce serait la responsabilité de l’Université de faire un effort pour rendre ça plus abordable pour les étudiants.»

La FÉCUM a justement des idées d’«efforts» que l’Université pourrait faire.

«Plusieurs membres du corps professoral doivent faire du travail administratif, et il reçoivent ce qu’on appelle des crédits de dégrèvement pour cela, rappelle Emma Raphaelle. Sauf qu’on est énormément au-dessus de la quantité maximale de crédits prévue dans la convention collective. C’est une dépense énorme qui ne devrait pas être faite.»

En tout, les crédits de dégrèvement représentent 5,3 millions $, mais la présidente de la FÉCUM n’a pas réussi à savoir quelle partie de cette somme était concernée.

«J’aimerais vraiment que les gouverneurs réalisent que le public-cible de l’Université de Moncton, c’est les étudiants. Il faudrait commencer à un moment ou à un autre à prioriser leurs besoins», conclut Emma Raphaelle.

L’Université dit subir l’inflation, elle aussi

Selon le vice-recteur à l’administration et aux ressources humaines Gabriel Cormier, l’Université de Moncton n’a pas le choix d’aller chercher davantage d’argent dans les poches des étudiants.

«On n’est pas à l’abri de l’augmentation de nos coûts nous non plus, soutient-il. Les salaires augmentent. Notre facture d’électricité au campus de Moncton a monté de 325 000$…»

L’Université prévoit aussi une diminution des inscriptions l’an prochain, en particulier d’étudiants internationaux. Gabriel Cormier estime donc que les étudiants continueront d’assumer la même part du budget de l’institution, soit environ 37%.

Il rappelle que l’Université de Moncton propose encore les droits de scolarité les moins élevés au Nouveau-Brunswick, et que le budget de bourses a été bonifié de près de 600 000$ au campus de Moncton.

L’autre option, selon le vice-recteur, aurait été de faire des «coupures», alors qu’«on a des investissements à faire en infrastructures».

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