Samedi, à midi, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, des Néo-Brunswickoises marcheront le long de la rue Main à Moncton. Pour la troisième année consécutive, elles descendront dans la rue pour revendiquer l’équité salariale et la justice économique. La justice économique vise à assurer une répartition équitable des ressources et des opportunités économiques au sein de la société, en s’attaquant aux inégalités systémiques qui touchent particulièrement les groupes marginalisés.
Ces enjeux ne sont pas nouveaux. Ils ont été au cœur des luttes féministes, notamment lors de la deuxième vague du féminisme dans les années 1960 et 1970. Au Nouveau-Brunswick, la Loi sur l’équité salariale a été adoptée en 2009 pour le secteur public, mais le secteur privé demeure sans législation contraignante, laissant de nombreuses femmes sans protection équivalente.
Cette année, la marche survient dans un contexte de compressions budgétaires annoncées par la première ministre Susan Holt. Ces réductions de dépenses inquiètent plusieurs groupes communautaires, qui craignent qu’elles compromettent les avancées promises. Dans une lettre ouverte datée du 17 février , des organisations, dont la Coalition pour l’équité salariale et l’Association francophone des aînées et aînés du Nouveau-Brunswick, ont exhorté le gouvernement à garantir que son premier budget provincial prendra en compte les besoins des femmes, des personnes âgées, des locataires et des travailleurs à bas salaires. Ils redoutent que l’affaiblissement de l’État-providence au profit de politiques néolibérales n’accentue les inégalités sociales.
Au Nouveau-Brunswick, la pauvreté touche particulièrement les femmes, notamment les femmes immigrantes et autochtones. En 2022, le taux de pauvreté infantile dans la province était de 21,9 %, avec 31 430 enfants vivant dans la pauvreté. Les femmes autochtones sont également surreprésentées parmi les victimes de violence entre partenaires intimes. Selon l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018, 37,78 % des femmes autochtones du Nouveau-Brunswick ont été victimes d’une agression physique ou sexuelle depuis l’âge de 15 ans. Ces inégalités sont souvent exacerbées par des discriminations croisées basées sur la race, l’ethnicité et le genre.
Par ailleurs, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’être à la tête de familles monoparentales. Selon le Recensement de 2021 du gouvernement du Nouveau-Brunswick, les femmes étaient 3,27 fois plus susceptibles d’être à la tête d’une famille monoparentale au Nouveau-Brunswick, avec 28 480 femmes dans cette situation contre 8 690 hommes. Ces familles monoparentales dirigées par des femmes sont plus vulnérables à la pauvreté. En 2022, 47,9 % des enfants de familles monoparentales vivaient dans la pauvreté, contre 11,2 % des enfants de familles comptant un couple.
Une mobilisation inclusive et solidaire
Les marches du 8 mars ont toujours été des moments privilégiés pour rassembler allié·e·s et populations concernées, témoignant d’une solidarité intercommunautaire. Cette année, la mobilisation ne se limite pas aux femmes blanches ; elle inclut également des femmes autochtones, immigrantes, noires, ainsi que des hommes œuvrant dans des secteurs à prédominance féminine.
Les femmes autochtones, par exemple, continuent de faire face à des écarts salariaux significatifs. En 2022, elles gagnaient en moyenne 20,1 % de moins que les hommes non autochtones nés au Canada. Bien que cet écart se soit réduit par rapport aux années précédentes, il demeure préoccupant.
De même, les femmes immigrantes admises à l’âge adulte subissent un écart salarial de 20,9 % par rapport aux hommes nés au Canada. La participation des hommes aux marches souligne leur soutien aux revendications d’équité salariale et de justice économique. Nombre d’entre eux travaillent dans des secteurs à prédominance féminine et sont témoins des inégalités persistantes.
Pourquoi encore une marche ?
La Journée internationale des droits des femmes trouve son origine dans les luttes ouvrières et féministes du début du XXᵉ siècle, où les femmes manifestaient pour leurs droits, notamment pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Depuis, cette date est devenue symbolique de la lutte pour les droits des femmes à travers le monde. Au Nouveau-Brunswick, malgré les avancées, comme le Programme d’avortement médical mis en place l’année dernière, les inégalités persistent, justifiant la poursuite de ces mobilisations. En participant, chacun·e contribue à maintenir la pression sur les décideurs politiques pour qu’ils prennent des mesures concrètes en faveur de l’égalité.
On se voit à la marche !!
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