Crédit photo, Ghana Football Association
- Author, Priya Sippy
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« Avec ce certificat d’entraîneuse, je veux pouvoir trouver un emploi », déclare une détenue d’un établissement pénitentiaire de Freetown, la capitale de la Sierra Leone, dont le nom n’a pas été divulgué par les autorités pénitentiaires.
La prisonnière, ainsi que 25 autres femmes et cinq officiers de police, participent au tout premier cours d’entraînement de la Confédération africaine de football (CAF) destiné aux détenues.
« Le cours a été formidable, bien plus que le mot « formidable ». Je suis si fière d’obtenir mon certificat », dit-elle, ajoutant qu’après quatre ans de prison, elle a bon espoir de trouver un emploi dans le sport.
Le cours d’entraînement « Licence D », d’une durée de huit jours, permet aux détenus d’obtenir un badge d’entraîneur accrédité par la CAF, ce qui leur permet d’enseigner le football au niveau local à leur sortie de prison.
À ce jour, il a été organisé dans des prisons de Sierra Leone, du Ghana et du Liberia, et il est prévu de l’étendre à d’autres régions du continent.
Le programme a attiré certaines des plus grandes stars du football féminin d’Afrique de l’Ouest, comme Isha Johansen, l’ancienne présidente de l’association de football de Sierra Leone, et Mercy Tagoe, une ancienne joueuse de l’équipe nationale du Ghana.
Isha Johansen, qui est également membre du comité exécutif de la FIFA et de la CAF, explique qu’elle s’est impliquée dans le projet après avoir visité le centre pénitentiaire de Freetown.
« J’y ai vu de très jeunes filles. 90 % de ces détenues étaient là pour des raisons de pauvreté ou de petite délinquance, et elles passaient cinq, six ou huit ans à ne rien faire », explique-t-elle.
« Elles n’avaient rien à faire là. Je devais changer les choses. Je me suis sentie obligée de faire quelque chose et le football est un outil énorme que j’ai à ma disposition ».
Selon AdvocAid, une ONG sierra-léonaise, le centre correctionnel pour femmes de Freetown héberge actuellement environ 90 femmes et leurs enfants.

Crédit photo, Isha Johansen
Le centre pénitentiaire ne disposant que de peu d’installations sportives, le premier cours s’est déroulé sur le terrain en gazon artificiel de l’Académie de l’Association de football de Sierra Leone, à Freetown. L’association a également fourni aux détenus des équipements et des maillots.
Cependant, Johansen a déclaré que la prison allait maintenant investir dans un terrain de football.
« Je suis très fière de pouvoir dire que dans les prochains mois, le centre correctionnel disposera d’un terrain, et ce sera le premier », déclare-t-elle.
Pour ceux qui ne sont pas passionnés d’athlétisme, le programme de la CAF offre également d’autres moyens aux détenus de s’impliquer dans le football. Certains cousent désormais des maillots de football et des dossards d’entraînement pour des clubs du pays.
« Ce que j’aimerais voir, c’est que lorsque ces filles retournent dans la société, elles ne finissent pas par retourner en prison », déclare Johansen.
« Lorsqu’elles sortent, elles ont acquis des compétences, elles peuvent s’adresser à la fédération de football pour chercher un emploi et elles peuvent entraîner dans les écoles », ajoute-t-elle.
Dans un autre pays d’Afrique de l’Ouest, le Ghana, les détenues de la prison de Nsawam – la plus grande prison pour femmes du pays – se sont également mises au football.

Crédit photo, Ghana Football Association
« Le fait d’être en prison ici est très compliqué pour nous », déclare une détenue. « Nous sommes contrôlés sur tout. Cela nous donne mal à la tête ».
« Mais le coaching est ma passion, alors quand nous avons entendu parler de ce cours, j’ai été très heureuse d’y participer. Nous avons appris beaucoup de choses, comme les techniques de dribble », dit-elle.
Mercy Tagoe, qui était l’une des instructrices au Ghana, a déclaré que le cours était très populaire auprès des détenues et qu’il était important pour leur réinsertion dans la société.
« Elles peuvent faire quelque chose avec cette licence, une fois qu’elles sortent de prison, ells peuvent commencer avec la base dans leur zone locale », dit-elle.
« Elles vont en prison pour être réformées. Ce cours peut donc les aider à reprendre le cours de leur vie ».
De retour à Freetown, Johansen travaille avec la CAF et la FIFA pour voir comment le programme d’entraînement peut être mis en œuvre dans d’autres pays d’Afrique, mais aussi d’Asie et d’Amérique du Sud.
Elle est convaincue que le football n’est pas seulement un jeu, mais qu’il a le pouvoir de changer la vie de ces jeunes femmes.
« Il s’agit d’utiliser le football pour un changement social positif. Le football, c’est bien plus que 90 minutes sur le terrain, et ceci en est un exemple ».
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