Les Français sont pour la « sobriété » mais pas pour des raisons écologiques, selon cette étude de l’Ademe

Olga Rolenko / Getty Images Selon cette enquête de l’Ademe, les Français ne sont pas poussés vers la sobriété par des convictions écologiques, mais pour des raisons économiques.

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Selon cette enquête de l’Ademe, les Français ne sont pas poussés vers la sobriété par des convictions écologiques, mais pour des raisons économiques.

MODE DE VIE – En période d’inflation et de hausse des prix de l’énergie, la « sobriété » a fait son entrée dans le vocabulaire politique et s’est imposée aux Français. Sobriété énergétique, mais pas que. Dans la première édition de son baromètre « Sobriétés et Modes de Vie », l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) analyse le rapport des Français à cette idée.

Premier enseignement de cette enquête : les Français ne sont pas poussés vers la sobriété par des convictions écologiques. S’ils adoptent fréquemment des pratiques relativement « sobres » se passer d’un véhicule automobile, éviter l’avion pour partir en vacances, privilégier les achats de seconde main, limiter sa consommation de viande, s’habiller plus chaudement plutôt qu’augmenter le chauffage –, ce qui les motive est principalement l’aspect économique.

Quand ils limitent leur consommation de viande, par exemple, les Français l’expliquent ainsi une fois sur deux comme le résultat d’arbitrages économiques (50 %), quand la part évoquant le sujet environnemental représente moins d’un Français sur quatre (22 %).

« L’intégration explicite et effective des enjeux environnementaux dans les modes de vie reste largement minoritaire », souligne l’Ademe dans sa synthèse, qui indique que seulement 15 % de Français sont « explicitement engagés dans des pratiques de sobriété dans la majorité des domaines de leur mode de vie pour des motivations écologiques ».

Consommer moins ? Oui, mais pour les autres

Sur la consommation de masse, que les Français sont très critiques et l’identifient comme un problème réel, puisque 83 % des sondés jugent qu’en France les gens consomment trop. 81 % d’entre eux considèrent que « les gens passent trop de temps à consommer plutôt qu’à profiter des plaisirs simples de la vie » et 77 % admettent que « notre manière de consommer est nuisible pour l’environnement ».

En revanche, seuls 28 % d’entre eux appliquent cette remarque à leur propre foyer. « À peine plus d’un quart de la population semble admettre sa propre contribution au problème. Invités à qualifier leur mode de vie, 82 % des répondants disent par ailleurs avoir un mode de vie d’ores et déjà sobre », souligne l’Ademe.

Lorsqu’on les interroge sur les biens matériels nécessaires pour « bien vivre », les Français placent dans les trois premières positions : le fait de posséder son propre lave-linge (89 %), une voiture (84 %) et une télévision (82 %). Les trois quarts des Français considèrent par ailleurs qu’il est nécessaire pour bien vivre de disposer « d’un pouvoir d’achat que permette de s’acheter tout ce dont on a envie ».

Une réticence à changer leurs habitudes

Les Français ont le sentiment de faire leur part et « adhèrent très majoritairement à l’idée de s’imposer collectivement des règles visant à limiter l’impact de leurs modes de vie sur l’environnement ».

En revanche, on observe également une « réticence marquée vis-à-vis d’un certain nombre d’évolutions – dont celles qui pèsent le plus de poids dans la balance environnementale » : l’usage de la voiture, la consommation de viande et le recours au transport aérien.

Les ménages disposant d’au moins deux véhicules ne sont que 46 % à envisager le fait de ne posséder qu’une seule voiture. L’idée de ne plus en posséder du tout (proposée aux foyers qui ne disposaient que d’un véhicule) est sans surprise encore moins bien reçue (rejetée dans 89 % des cas).

Une majorité des Français qui mangent de la viande plus de deux fois par semaine (61 %) refuseraient d’en limiter leur consommation à deux fois par semaine. L’idée de ne plus en manger du tout est rejetée par 78 % des Français. Seule une personne sur deux (51 %) qui a actuellement recours au transport aérien accepterait d’en limiter son usage à une fois par an, et moins d’une sur trois (31 %) envisage de complètement l’abandonner.

La responsabilité de l’État et des grandes entreprises

Enfin, si les Français se montrent (relativement) disposés à faire évoluer leurs pratiques, ils considèrent également ne pas pouvoir être, à leur échelle, les seuls acteurs de la transition écologique. « Moins d’un Français sur deux juge que l’État et les grandes entreprises agissent effectivement pour limiter les impacts de leur activité sur les ressources de la planète (respectivement 49 % et 48 %) », souligne l’Ademe.

Si les réactions aux propositions de mesures collectives de sobriété sont dans l’ensemble très positives, leur disposition au changement apparaît donc nettement plus répandue quand elle est envisagée au niveau collectif qu’au niveau individuel. « L’idée plus générale selon laquelle les gouvernements devraient privilégier en priorité la protection de l’environnement à la croissance économique est défendue par près des trois quarts de la population (74 %) », relève l’Ademe.

La conclusion de l’Ademe sonne comme un appel au gouvernement, pour qui cette enquête est « un rappel de l’importance majeure de l’engagement institutionnel dans une planification écologique claire, crédible, juste et suivie des faits pour en favoriser son déploiement à toutes les échelles et engager l’ensemble des citoyens ».

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