C’est toujours l’incertitude en Amapa, l’état le plus au nord du Brésil et voisin de la Guyane, concernant l’exploration pétrolière. Les techniciens de l’Institut environnemental fédéral (IBAMA) auraient transmis à leur président un avis défavorable pour l’exploration pétrolière au large des côtes. Ils estiment insuffisants les moyens de lutte mis en place par Petrobras contre une éventuelle marée noire.
C’est un feuilleton qui dure maintenant depuis deux ans, un bras de fer concernant l’exploration pétrolière dans la marge équatoriale au large des côtes de l’Amapa entre la direction de Petrobras, la société nationale pétrolière et la direction de l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables IBAMA.
IBAMA est l’organisme habilité à délivrer une licence environnementale autorisant l’exploration pétrolière dans cette zone à l’’embouchure de l’Amazone. Il réclame depuis des années des éléments techniques pouvant garantir la conservation de la biodiversité de la zone en cas de marée noire.
La dernière demande présentée par Petrobras en mai 2023 a été rejetée. Il lui avait réclamé un dossier plus complet sur la protection environnementale dont la construction d’un centre de dépollution à Oiapoque, la ville frontière avec la Guyane qui doit devenir la base stratégique du futur site de forage.
Ce fameux centre de Dépétrolisation de la faune est en voie d’achèvement. Les autorités fédérales de l’Amapa en ont fait le compte rendu sur les réseaux sociaux annonçant même son ouverture pour le mois de mars.
A lire ici : Exploration pétrolière en Amapa: une probable délivrance de licence d’ici le mois de mars
Mais visiblement cela n’a pas convaincu les techniciens d’IBAMA. Selon la presse locale, les techniciens de l’Institut environnemental recommandent à leur direction d’émettre un avis défavorable. L’avis définitif n’est pas encore pris. Ces recommandations doivent être évaluées en interne au plus haut niveau.
Selon nos sources, la présidente de Petrobras, Magda Chambriard se serait rendue le lundi 17 février à Oiapoque sur le chantier du Centre de Réhabilitation et de Dépétrolisation de la Faune pour constater elle-même l’avancée des travaux.
Toutes les semaines, ce chantier est contrôlé par un chef opérationnel de Petrobras. La fin des travaux est maintenant annoncée pour le mois d’avril.
Les enjeux économiques pour cette région du nord-est du Brésil sont énormes. Waddy Benoit, qui préside le collectif les Frères sans frontières constate quotidiennement les effets de cette possible exploration en Amapa.
« Il y a actuellement nous déclare-t-il 300 personnels présents à Oiapoque et il est prévu de commencer une vague de recrutements de près de 500 personnes. »
Les offres d’emploi de Petrobras ont été lancées pour des emplois qualifiés dans divers secteurs comme la santé pour des postes de médecins, d’infirmiers, dans la technique, la sécurité. Il faut également des vétérinaires, des chauffeurs et des motoristes piroguiers.
Une perspective d’emplois qui amène beaucoup de monde venant des autres États du Brésil.
Mais pour Waddy Benoit cela ne représente pas de l’emploi pour tous notamment pour la main-d’œuvre faiblement qualifiée qui va se retrouver marginalisée.
Par ailleurs le bassin de l’Oyapock n’est pas en mesure d’accueillir toute la population venue des grandes villes. La population sera multipliée par 5 d’ici 5 ans (environ 150 000 habitants).
De plus cet appel d’air fait craindre l’accentuation de l’insécurité avec l’arrivée de nouvelles factions. Entre optimisme et pessimisme, le président des Grands frères de l’Oyapock conclut :
« Le tournant de l’histoire est en train de se faire maintenant »
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