Les « gueux » manifestent ce dimanche dans toute la France contre les ZFE

DÉCRYPTAGE – Pour ses opposants, les restrictions de circulation affectent en premier les ménages les plus modestes, éloignés des centres urbains.

Ce dimanche après-midi une quinzaine de rassemblements contre les zones à faibles émissions (ZFE) auront lieu dans des grandes agglomérations du pays, notamment à Paris devant l’hôtel de ville, avenue Victoria. À l’appel de la Fédération française des motards en colère (FFMC), du collectif Les Gueux mais aussi d’associations de commerçants et d’artisans, des forains sans oublier des parlementaires, maires et les particuliers impactés, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont attendues dans ces cortèges.

« Il s’agit de regroupements statiques bon enfant ouverts à tous, commente Jean-Marc Belotti, coordinateur de la FFMC de Paris et sa petite couronne. 12 millions de véhicules automobiles et 800.000 motos, soit plus de 20 millions sont concernés dans toute la France par les interdictions de circulation engendrées par les ZFE. »

Une véritable usine à gaz

Depuis le 1er janvier dernier, une trentaine de métropoles de l’Hexagone de plus de 150.000 habitants, seuil à partir duquel s’applique cette nouvelle contrainte réglementaire, ont privé leurs accès aux véhicules les plus anciens classés Crit’Air 3 à Crit’Air 5 dans l’objectif de réduire la pollution atmosphérique. Ces restrictions de circulation qui concernent les véhicules immatriculés avant 2006 (essence) ou 2011 (diesel) varient suivant les agglomérations.

« C’est une véritable usine à gaz, chaque territoire a adopté des dérogations différentes, déplore Alexandra Legendre, porte-parole de la Ligue de défense des conducteurs. Dans le Grand Paris, il est possible de circuler avec les vignettes Crit’Air 3 le week-end et pas la semaine. Dans d’autres métropoles, les dérogations s’appliquent uniquement à des véhicules professionnels. Comment voulez-vous qu’un motard ou un automobiliste traversant plusieurs villes s’y retrouvent ? »

À terme, 43 métropoles françaises sont potentiellement concernées par les ZFE mais, déjà, certaines d’entre elles ont adopté un moratoire pour retarder leur entrée en vigueur. C’est le cas de l’agglomération de Montpellier, qui a reporté l’échéance à 2027 face à la fronde des élus des communes périphériques directement impactées, dont le maire de Saint-Brès. « Si elle avait été appliquée chez nous, cette loi injuste priverait de circulation 900 cartes grises de ma commune sur les 2000 existantes, dénonce Laurent Jaoul édile sans étiquette de cette ville de plus de 3000 habitants. Conscient de cette situation, j’ai réussi à convaincre 23 maires sur 31 de l’agglo de Montpellier de ne pas suivre leur président favorable aux ZFE. Il s’est retrouvé en minorité. Un moratoire de deux ans a été finalement adopté en février dernier. »

Laurent Jaoul participera ce dimanche après-midi au rassemblement devant le siège de la métropole montpelliéraine contre les ZFE. « Au total sur l’agglomération de Montpellier, 60.000 cartes grises ne pourraient plus circuler sur le territoire à cause des ZFE, c’est juste impossible. »

Contraire à l’égalité républicaine

Une loi qui est contraire au principe d’égalité républicaine, selon ses opposants. Le collectif Les #Gueux, conduit par l’écrivain Alexandre Jardin, l’a bien compris. « La ZFE exclut un peu plus les habitants des territoires ruraux ou périurbains mal desservis par les transports en commun en les empêchant d’accéder aux centres urbains où se trouvent les emplois et les services publics, dénonce Alexandre Jardin. C’est une double peine contraire au principe d’égalité républicaine qui oblige des ménages modestes de ces territoires périphériques à ne plus pouvoir aller travailler, comme les infirmières des hôpitaux, car ils ne peuvent pas se payer une nouvelle voiture. On ne ferait pas mieux pour réveiller le mouvement des “gilets jaunes”. »

Les ZFE contribuent à un séparatisme territorial inacceptable, avec d’un côté les écolos bobos riches des centres urbains et de l’autre les ploucs ruraux qui n’ont pas l’accès aux villes car leur véhicule sent mauvais

Pierre Meurin, élu RN de la 4e circonscription du Gard

Sur le terrain législatif, ce mardi soir débute à l’Assemble nationale le débat en séance plénière du projet de loi de simplification économique dont l’article 15 ter est consacré à l’abrogation des ZFE. « Sa lecture ne devrait pas intervenir avant jeudi matin », précise Ian Boucard, député LR de Belfort et président de la commission spéciale confiant sur son adoption. L’examen de ce texte législatif en commission a été adopté à une très large majorité (26 voix pour et à contre 9) contre l’avis du gouvernement, le 27 mars dernier.« Je ne vois pas comment les parlementaires reviendraient sur leur vote », ajoute-t-il.

La droite devrait pouvoir compter sur le soutien des députés RN. « Les ZFE contribuent à un séparatisme territorial inacceptable, avec d’un côté les écolos bobos riches des centres urbains et de l’autre les ploucs ruraux qui n’ont pas l’accès aux villes car leur véhicule sent mauvais, fustige pour sa part Pierre Meurin, élu RN de la 4e circonscription du Gard. La dernière proposition de la ministre de l’Écologie n’améliore en rien cette situation. »

L’exécutif veut reprendre la main

En effet, pour reprendre la main et faire rentrer dans le rang certains élus Renaissance qui ont voté en commission contre cette mesure très impopulaire, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, devrait présenter un amendement destiné à assouplir l’application des ZFE en proposant de les rendre obligatoires pour « les agglomérations qui dépassent des seuils réglementaires de qualité de l’air pendant trois années sur les cinq dernières années ». Finalement, cette mesure ne concernerait plus que Paris et Lyon. Libre ensuite aux élus locaux des autres agglomérations de plus de 150.000 habitants de mettre en place ou non ces restrictions de circulation.

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