Les homardiers de Savoie Landing veulent un quai restauré

La vingtaine de pêcheurs de Savoie Landing, sur l’Île de Lamèque, revendiquent la rénovation urgente de leur quai. Mardi matin, une trentaine de citoyens se sont rassemblés sur la structure pour exprimer leur soutien à cette demande.

Kevin Savoie est l’un des pêcheurs de homard de Savoie Landing. Il ne peut accoster son bateau au quai en raison des piètres conditions de l’infrastructure et du chenal ensablé.

«Mon bateau est dans un autre quai juste en face, l’autre bord du pont (de Shippagan), parce que je ne peux pas le rentrer ici», explique-t-il. Cela fait quelques années qu’il procède ainsi.

Selon lui, des promesses n’ont pas été tenues par le député fédéral Serge Cormier. «Il y a eu de l’argent qui a été promis pour réparer notre quai, mais là il n’y a rien qui bouge. Ils voulaient nous déménager, faire de quoi d’autre à Shippagan, mais nous les pêcheurs on n’est pas d’accord avec ça. On aimerait avoir notre port ici, à Savoie Landing», déclare Kevin Savoie.

«On veut se faire entendre, on a besoin d’un quai. Vous voyez, tout est barré (par des barrières de béton), on ne peut même plus placer nos cages», proteste le pêcheur en désignant le bout du port fermé.

Quelques pêcheurs peuvent tout de même accoster leur bateau au vieux quai, mais la plupart sont ailleurs.

Les autres sont répartis de l’autre côté de la rive, soit près du pont de Lamèque-Shippagan, parmi les crabiers au quai de Shippagan et quelques-uns à la marina.

Kevin Savoie affirme que des demandes ont été adressées au député fédéral de la circonscription. «On a essayé de le contacter, on lui a laissé des messages, il n’a jamais retourné nos appels.»

«On sait qu’il y a eu de l’argent de promis, 463 millions $, on souhaite avoir notre part aussi, mentionne-t-il. Dans la Péninsule acadienne, on est le seul port qui n’a jamais été touché. Le quai ici date d’au-dessus de 100 ans.»

Le député provincial de Shippagan-Lamèque-Miscou, Éric Mallet, était présent à la manifestation. «Je suis ici pour appuyer les pêcheurs, parce que ça fait déjà trop longtemps qu’ils revendiquent un nouveau quai, et ça ne bouge pas.»

Il croit que l’un des facteurs pouvant être en cause, c’est le futur pont Lamèque-Shippagan.

«Tant et aussi longtemps que le pont ne sera pas annoncé, on ne sait pas où le tracé va se faire. Pour ma part, j’ai vu les devis et tout, le tracé devrait passer de l’autre côté du pont actuel (côté sud), ce qui veut dire qu’il n’y aurait pas d’incidence sur cette partie ici.»

Un traversier faisait autrefois la navette entre les deux rives. Après la construction du pont, les pêcheurs ont utilisé la jetée pour aménager le quai de Savoie Landing.

«Ici, il n’y a pas un vent qui nous dérange, on est tout le temps à l’abri. Ça fait 15 ans qu’on attend pour un quai. Il n’est plus praticable, tu n’as plus accès dessus. S’ils l’avaient arrangé dans le temps, comme on l’avait demandé, mais ils n’ont jamais voulu nous donner l’argent», exprime le pêcheur Denis Haché.

À son avis, le quai à Shippagan est conçu pour des gros bateaux, et non pas pour des homardiers de 45 pieds.

Son bateau est accosté à la marina de Shippagan. «Ça fait deux ans qu’on est là parce qu’on n’a plus accès ici. Qu’ils nous arrangent notre quai, c’est ça qu’on veut», affirme celui qui pêche depuis 40 ans.

Son grand-père pêchait à partir de ce quai, de même que son père. «Je m’attends à un moment donné que mon garçon soit ici lui aussi. Il va prendre la relève bien vite et j’aimerais continuer la tradition d’une génération à l’autre.»

Pour lui, que le futur pont entre Shippagan et l’Île-de-Lamèque soit construit d’un côté ou l’autre du pont actuel, il ne voit pas de problème avec le site du quai de Savoie Landing.

Présent à la manifestation, le maire de l’Île-de-Lamèque, Bernard Savoie, trouve malheureux que les pêcheurs doivent relocaliser leurs bateaux dans les communautés avoisinantes.

«Il y en a qui ont pêché à partir d’ici toute leur vie. Ça fait un gros changement. Je comprends qu’ils ne veulent pas être relocalisés ailleurs. En rentrant sur l’Île, la première chose que tu vois, c’est le quai», constate-t-il.

«Je pense que c’est important pour les pêcheurs de la région d’avoir leur quai dans la localité de Chiasson-Savoie, raconte pour sa part le conseiller municipal du quartier, Gérard Benoit. S’ils s’en vont à l’extérieur, ce sont des dépenses supplémentaires pour eux.»

 

Le député fédéral commence à perdre patience

Joint par téléphone mardi après-midi, le député fédéral d’Acadie-Bathurst, Serge Cormier, avoue qu’il commence à perdre patience dans ce dossier qui n’a pas évolué depuis trois ans.

«Premièrement, je vais le répéter, en 2021 j’ai annoncé plusieurs millions $ pour un projet de relocalisation des pêcheurs de Savoie Landing vers la marina à Shippagan avec un nouveau développement ou au quai de Shippagan.»

Le député atteste avoir vu les plans de relocalisation avec les fonctionnaires du MPO du bureau de Tracadie. «Je viens de m’entretenir avec des pêcheurs de Savoie Landing et j’ai été très clair avec eux. On va demander une rencontre pour qu’ils aient accès à ces plans. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient encore jamais vu ces plans, et je trouve ça inacceptable.»

«Après déjà presque trois ans qu’on a annoncé de l’argent dans les budgets, ce projet-là n’avance pas assez vite à mon goût.»

Selon lui, il faudra que des fonctionnaires du MPO répondent à certaines questions.

«Ma patience commence à avoir des limites, et je pense que la patience des pêcheurs a aussi atteint ses limites. Il faut que ce projet avance, et que les fonctionnaires du ministère expliquent pourquoi ce projet n’avance pas assez vite, même s’il a été annoncé depuis 2021.»

«L’argent est déjà là pour eux», dit-il à l’égard des pêcheurs de Savoie Landing.

Lorsqu’il est allé voir les pêcheurs en 2021, le député affirme qu’il n’a jamais été question d’un nouveau quai à Savoie Landing.

«Ils étaient à l’annonce que j’ai faite. Ils étaient contents de ça à ce moment-là, mais malheureusement leur projet n’avance pas. Ils sont tannés et moi aussi je suis tanné. Il faut que ça avance.»

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