Les islamistes intensifient la guerre au Soudan

  1. L’ampleur des violations contre les civils par l’armée soudanaise s’est accrue
  2. La communauté internationale : silence ou complicité ? 
  3. Raisons et facteurs à l’origine des avancées de l’armée soudanaise au cours des derniers mois
  4. Quelles sont les ambitions de l’Iran et de la Turquie au Soudan ?
  5. Les dirigeants de l’armée ont rejeté tous les efforts de paix
  6. La position des forces civiles : entre le marteau et l’enclume
  7. Génocide au XXIe siècle : jusqu’à quand le silence ?
  8. La responsabilité de la communauté internationale

En avril 2023, une guerre a éclaté au Soudan entre les forces armées, l’armée et les forces de soutien rapide, à la suite d’une lutte de pouvoir exacerbée par l’influence des islamistes au sein de l’armée et le refus de son commandant, Abdel Fattah al-Burhan, de céder le pouvoir aux forces civiles.

Les combats se sont rapidement transformés en un conflit sanglant et dévastateur, et comme la solution militaire tardait à venir, les puissances régionales sont entrées dans la mêlée.

Le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan – REUTERS/ Ibrahim Mohammed Ishak

La Turquie a soutenu les milices islamistes fidèles à l’armée, tandis que l’intervention iranienne a intensifié le conflit en fournissant à l’armée des drones et des armes de pointe, faisant pencher la balance de la guerre en sa faveur.

Aujourd’hui, cette guerre est devenue l’une des pires crises humanitaires au monde, avec de graves violations : exécutions sommaires, viols systématiques, bombardements aveugles, nettoyage ethnique et famine délibérée de civils, dans un contexte d’incapacité internationale à arrêter la catastrophe.

Le chef de l’armée rejette tous les appels à la paix et à la fin de la guerre, car il refuse d’arrêter les bombardements aériens aveugles.

L’ampleur des violations contre les civils par l’armée soudanaise s’est accrue

L’état d’Al-Jazeera et Wad Madani comme modèle : après que l’armée soudanaise a pris le contrôle de ces zones, des organisations internationales crédibles (telles que Human Rights Watch et Amnesty International) ont enregistré des violations horribles, notamment :

  • Exécutions sur le terrain et assassinats par vengeance contre des civils.
  • La violence sexuelle comme outil de guerre et les attaques systématiques contre les femmes et les enfants.
  • La faim et le siège comme armes
  • Bombardements aveugles et destruction généralisée de zones résidentielles.

La communauté internationale : silence ou complicité ? 

Malgré tous ces crimes, la position de la communauté internationale reste faible : les pays européens et les Nations unies se contentent de condamnations diplomatiques sans prendre de mesures pratiques fermes pour protéger les civils.

Columnas de humo se elevan durante los enfrentamientos entre las Fuerzas de Apoyo Rápido paramilitares y el ejército en Jartum, Sudán - PHOTO/ REUTERS
Des colonnes de fumée s’élèvent lors d’affrontements entre les Forces de soutien rapide et l’armée à Khartoum, au Soudan – PHOTO/REUTERS

Raisons et facteurs à l’origine des avancées de l’armée soudanaise au cours des derniers mois

• Alliance avec des milices extrémistes : Le recours par l’armée soudanaise à des milices islamistes extrémistes, telles que le Bataillon Bara’a bin Malik et la milice Bouclier national, lui a conféré une puissance militaire sur le terrain, mais au prix d’un désastre pour la population civile. La progression militaire s’est accompagnée d’une escalade des crimes de guerre et des viols contre les femmes et les enfants. Ces milices ne reconnaissent aucune loi et pratiquent la barbarie et la brutalité. 

• Soutien iranien et armes de pointe : Le soutien de l’Iran à l’armée soudanaise s’est intensifié par la fourniture de drones et d’armes de pointe, ce qui a modifié l’équilibre des forces et entraîné une augmentation des pertes civiles en raison de l’utilisation aveugle de ces armes.

• Tactiques brutales : barils explosifs et bombardements aveugles : l’armée a eu recours à des méthodes destructrices telles que les barils explosifs et les bombardements aériens à grande échelle, méthodes utilisées auparavant en Syrie. 

Reflétant un schéma récurrent de guerres soutenues par l’Iran dans la région.

Quelles sont les ambitions de l’Iran et de la Turquie au Soudan ?

L’Iran : une stratégie de chaos

L’Iran cherche à étendre son influence militaire dans la région du golfe d’Aden en soutenant l’armée soudanaise, dans le but de reproduire son modèle au Yémen, en Syrie et au Liban.

Investir dans la poursuite de la guerre en armant l’une des parties au détriment de l’autre, dans le but de garantir son rôle dans l’avenir du Soudan et de la région.

Turquie : Soutien aux milices islamistes

Le soutien de la Turquie aux forces extrémistes loyales reflète une concurrence avec l’Iran pour l’influence au Soudan, au mépris total des souffrances du peuple soudanais. Cependant, il s’inscrit également dans une politique cohérente adoptée par la Turquie et le Qatar de soutien financier, médiatique et militaire au politique islamique et aux mouvements islamiques armés.

Una mujer con su hijo en un centro de apoyo a la nutrición en el norte de Darfur, una de las regiones sudanesas devastadas por la guerra. (Archivo) - © UNICEF/UN0836604/Zakaria 
Une femme avec son enfant dans un centre de soutien nutritionnel au Darfour Nord, l’une des régions du Soudan déchirées par la guerre. (Fichier) – © UNICEF/UN0836604/Zakaria

Les dirigeants de l’armée ont rejeté tous les efforts de paix

L’armée soudanaise a rejeté toutes les initiatives internationales et les réunions diplomatiques, y compris la récente conférence de Genève, ce qui reflète son intention de prolonger la guerre malgré l’énorme dévastation humanitaire.

Cette négation réitérée soulève la question suivante : existe-t-il un intérêt régional et international à poursuivre la guerre aux dépens du peuple soudanais ?

La position des forces civiles : entre le marteau et l’enclume

Les forces civiles soudanaises sont confrontées à la difficile tâche de refuser la guerre et de s’opposer aux deux camps. Cependant, elles sont marginalisées sur la scène politique, favorisées par les forces militaires et les milices. 

L’une des raisons de la guerre est le refus de l’armée soudanaise de céder le pouvoir aux forces civiles. Elles deviennent donc la cible politique et médiatique de l’armée et des forces islamistes. 

La communauté internationale doit se concentrer sur le soutien aux forces civiles et leur mise en place sur le terrain pour sortir de la crise, de la guerre et des violations. 

Refugiados sudaneses en el centro de tránsito gestionado por la ONU en Renk, Sudán del Sur - © OIM/Elijah Elaigwu 
Réfugiés soudanais au centre de transit géré par l’ONU à Renk, au Soudan du Sud – © OIM/Elijah Elaigwu

Génocide au XXIe siècle : jusqu’à quand le silence ?

Ce qui se passe au Soudan n’est pas seulement une guerre, mais un génocide avéré, où le viol et l’épuration ethnique sont utilisés comme armes pour terroriser la population, en particulier dans des régions comme Wad Madani et l’État d’Al Jazirah.

La tragédie ne réside pas seulement dans les viols, mais aussi dans le fait que les auteurs eux-mêmes documentent leurs crimes par des vidéos, comme cela s’est produit récemment à Al-Jazira et à Wad Madani. 

Cependant, il n’y a pas de véritable réponse de la part de la communauté internationale.

La responsabilité de la communauté internationale

Il est nécessaire de prendre d’urgence des mesures internationales, notamment :

  • Imposer des sanctions internationales strictes aux chefs de l’armée et aux milices impliquées dans des crimes de guerre.
  • La fin immédiate des bombardements aériens aveugles et des bombes à baril qui tuent des civils sans discernement.
  • Un mécanisme international indépendant pour documenter les crimes et demander des comptes aux auteurs par l’intermédiaire de la Cour pénale internationale.
  • Fournir une aide directe pour protéger les femmes et les enfants contre la violence sexuelle et les viols systématiques.

C’est une guerre qui ne doit pas être oubliée. C’est un crime contre l’humanité en cours, et la communauté internationale doit faire plus que simplement émettre des déclarations de condamnation.

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